Gouverner sans gouverner. Une archéologie politique de la statistique

Berns Thomas

PUF

Dans les années 1570, une série dappels à des activités de recensement des personnes et des richesses se fait entendre. Si leur première finalité semble purement administrative fiscale, militaire, statistique, ils apparaissent immédiatement aussi comme porteurs dun projet moral et dune capacité à agir sur les murs collectives. Le censeur romain dénombrait, mais il était aussi celui qui pouvait agir sur les comportements les plus intimes, et ce, simplement parce quil faisait rougir, comme le disait Cicéron. Faire rougir chacun sans même devoir punir lun ou lautre, cest précisément un tel contrôle constant et modulable que les défenseurs des pratiques de dénombrement mettent en avant, développant ainsi lidéal dune action normative en tout point distincte de celle de la loi, laquelle justement ne peut faire efficacement face aux problèmes des murs collectives. En dévoilant quelques-uns des éléments qui ont permis lémergence de la statistique au seuil de la modernité, lauteur propose une généalogie originale de certains principes et fantasmes à luvre au cur des pratiques de gouvernement néolibérales par exemple la transparence et donne, en creux, un sens nouveau à la spécificité de la loi dans un champ normatif ainsi élargi.
Biographie de l'auteur
Thomas Berns enseigne la philosophie à lUniversité Libre de Bruxelles et à lUniversité de Liège. Il est chercheur au Centre Perelman de philosophie du droit de lULB. Philosophe du politique, spécialisé dans la période de la Renaissance, il est membre du comité de rédaction de la revue Multitudes et de la revue Dissensus. Il est notamment lauteur de Violence de la loi à la Renaissance (Paris, Kimé, 2000) et de Droit, souveraineté et gouvernementalité (Paris, Léo Scheer, 2005).

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EAN
9782130574491
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