La Geste du Prince Igor

XXX

DIFFERENCE

De la poussière de vieux manuscrits qui dormaient dans un monastère, un collectionneur russe de la fin du XVIIIème siècle vit surgir un jour le visage flouté par les siècles, espiègle et inspiré, de l'auteur anonyme de ce magnifique poème épique du XIIème siècle. Un Slave, probablement mâtiné de Viking tout comme à l'autre bout de l'Europe, quelque deux cents ans plus tôt, le "Normand" Turold de La Chanson de Roland, y relate la défaite d'un autre "faucon de la chrétienté" contre les païens, ici des Polovtses turco-mongols. Guerrier proche du prince, chrétien chamarré de paganisme slave, aède ou chroniqueur, trouvère ou scalde, il chante un hymne à la "Terre de Rus" comme son prédécesseur célébrait la "Terre de France dulce", à la croisée de civilisations contrastées. On ne connaît de lui que ce qu'il révèle en filigrane dans la Geste. Il dit avec amour et humour la mer des fleuves russes et les roseaux brisés, les bêtes aux aguets et les combats guerriers, les amours délaissées et le guet aux remparts et "cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge" comme dit Dante. S'attachant aux faits, il ouvre une page d'histoire des Slaves orientaux aux XIème-XIIème siècles en ce pays-frontière de la Kievie, le long du Dniepr et au nord de la mer Noire ; sautant comme un écureuil d'un prince à l'autre à travers l'arbre généalogique des familles princières de Rus, il relie le tout avec grande maîtrise en quelques pages d'un merveilleux poème. Vibrant appel à l'union de princes désunis, il convie le lecteur, comme l'Aède, au "festin" des batailles et de la mort sur lequel règnent les dieux. Un pur joyau célébré par Pouchkine, Essenine, Mandelstam, Rilke, Nabokov...

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EAN
9782729115524
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