Mon Kafka

Vialatte Alexandre - Taillandier François - Béal F

BELLES LETTRES

Journaliste, traducteur, écrivain, Alexandre Vialatte a voué sa vie à un autre. En l?occurrence, Kafka. Il aurait pu faire un plus mauvais choix. C?est en 1925, séjournant en Allemagne, que l?homme tombe sur la première pierre de l?édifice alors inconnu. Dès lors il se décrètera prophète du praguois, le traduisant, l?analysant, le recommandant.
On évoque souvent les écrivains, leur génie, mais il y aurait une histoire à faire, également, de ceux qui les sortent de l?ombre. Au travers de ce recueil de textes, qui courent sur près de quarante ans, on découvre la sensibilité du lecteur Vialatte, et peut-être - c?est le grand intérêt de ce best of atypique - de tout lecteur confronté à un texte ayant la capacité de lui sauter à la figure, de détruire son système immunitaire, et de transplanter, sans anesthésie, la fiction dans le présent. Quand Philip K. Dick, inventeur de la «S.F existentielle» - certainement la plus digne réincarnation de l?auteur du Procès - écrivait dans Ubick «Je suis mort et vous êtes vivant», Kafka, au travers de chacun de ses romans, semble lui répondre «Je suis ailleurs et vous êtes ici».
Vialatte sait très bien reconnaître dans la France immatérielle, comme évaporée, de l?occupation, l?écho des mondes enneigés et absurdes de Kafka. Mais il sait aussi dans les années 50, quand le praguois devient enfin à la mode à St-Germain, s?en prendre férocement à ceux qui réduisent l?auteur à un visionnaire qui aurait eu le génie de décrire, avant leur avènement, le Nazisme et la Shoah. Lecteur ultra-attentif - un gardien du temple un tantinet jaloux ? -, Vialatte ne perd jamais de vue que c?est le sentiment intime, inexpugnable, de sa propre culpabilité, de son incapacité à être, et à vivre avec l?Autre, qui alimente les contes du semeur de forteresses vides. --Stéphane Malterre

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EAN
9782251200071
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