Les héritiers du KGB. Enquête sur les nouveaux boyards

Soldatov Andreï - Borogan Irina - Ackerman Galia -

LES PEREGRINES

Extrait de l'introductionPendant la première décennie du XXIe siècle, le Service fédéral de sécurité de Russie (FSB), successeur de la police secrète soviétique (le Comité de la sécurité d'État, KGB), s'est progressivement imposé comme la nouvelle élite du pays. Ses prérogatives n'ont cessé de croître, hors de tout contrôle de la société ou du Parlement. Vladimir Poutine, vétéran de cette organisation, a occupé pendant huit années consécutives le poste de président de la Fédération de Russie, avant de devenir Premier ministre.Jamais le budget du FSB n'a été publié. Jamais ses effectifs n'ont été rendus publics. D'après les estimations les plus basses, le FSB emploie au moins deux cent mille personnes. Poutine en a fait le principal service de sécurité de Russie. Non seulement cette organisation a absorbé les directions qui constituaient l'ex-KGB, mais elle a également obtenu l'autorisation de recueillir des informations à l'étranger et même d'y conduire des opérations secrètes. Sous Poutine, de nombreux agents des services spéciaux (retraités comme actifs) ont été placés à des postes clés dans le monde des affaires et dans les structures gouvernementales; dans le même temps, le FSB s'est employé à restaurer le culte des anciennes idoles du KGB: Félix Dzerjinski, le fondateur et premier chef de la Tcheka, et Iouri Andropov, le plus célèbre patron du KGB.En 2000, au moment où Vladimir Poutine a remporté l'élection présidentielle, les services spéciaux russes se trouvaient dans un état absolument déplorable. Au cours de la décennie précédente, la mise en oeuvre des réformes économiques et l'instauration de la démocratie s'apparentaient à une fuite en avant anarchique. Dans ce contexte chaotique, les services avaient quelque peu perdu pied. L'appât du gain avait incité leurs agents les plus doués à démissionner pour tenter de faire fortune dans la mare aux requins du nouveau capitalisme russe. Quant à ceux qui étaient restés, ils avaient dû travailler dans des conditions exceptionnellement difficiles: guerre interminable en Tchétchénie, prises d'otages, multiplication des attentats terroristes, y compris à Moscou et dans plusieurs autres villes... Comme si cela ne suffisait pas, le FSB était rongé de l'intérieur par une corruption d'une ampleur incomparablement supérieure à celle de l'époque soviétique. De plus, son image négative auprès de la population - due à la fois à la réputation du KGB dont il était le successeur et à la confusion de la première décennie postsoviétique - ne pouvait pas ne pas avoir d'effets sur ses activités. Enfin, une lutte féroce pour l'influence politique et la mainmise sur les ressources étatiques avait éclaté entre le FSB et ses anciens membres qui avaient rejoint d'autres services spéciaux.Le nouveau président a conféré au Service fédéral de sécurité un rôle nouveau, bien plus important qu'auparavant: il l'a chargé de garantir la stabilité du régime politique. En d'autres termes, de défendre le pouvoir présidentiel.

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EAN
9782849412701
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