Boniface VIII. Un pape hérétique ?

Paravicini Bagliani Agostino

PAYOT


Qualifié souvent de «dernier pape du Moyen Age», Boniface VIII (1295-1303) est surtout resté dans les annales de l?Histoire comme l?infortuné pontife que les tribunaux du roi de France, Philippe le Bel, décrétèrent hérétique avant de chercher à porter atteinte à sa vie. Cette inconcevable offense devait bouleverser l?équilibre de la Chrétienté et précipiter l?exil de la papauté en Avignon.


Issu d?une famille de petite noblesse du Latium, Benedetto Caetani est un clerc ambitieux qui, formé au droit et à la carrière diplomatique, se taille une place de cardinal de premier plan. Exploitant les faiblesses de son prédécesseur, Célestin V, il lui conseille habilement d?abdiquer, un acte encore extraordinaire, favorisant ainsi sa propre élection en 1295. Dès lors, Boniface va se faire le principal artisan de l?absolutisme pontifical, imposant avec beaucoup de fermeté la médiation de l?Église dans les conflits politiques qui déchirent alors la Chrétienté.
Après les deux succès majeurs que sont la canonisation de saint Louis en 1297 et le jubilé de 1300, premier de l?histoire chrétienne, le pape se heurte de plein fouet à l?hostilité du roi de France, Philippe le Bel, qui cherche à affirmer sa propre autonomie en tant que chef d?État. La promulgation de l?intransigeante bulle Unam sanctam entraîne la condamnation de Boniface, accusé en outre de péchés graves tels que la sodomie. Capturé lors du fameux «attentat d?Anagni» par les troupes de Guillaume de Nogaret et des Colonna, une aristocratique famille romaine menacée par l?autoritarisme et le népotisme du pape, ce dernier s?enfuit de justesse et meurt un mois plus tard. Ses successeurs, otages du roi de France, n?auront d?autre choix que de s?exiler en Avignon pendant presque sept décennies (1309-1377).


La fin tragique de ce pontificat et ses conséquences désastreuses mettent en évidence de façon particulièrement aiguë le débat fondamental qui devait agiter la Chrétienté pendant des siècles autour du pouvoir temporel de la papauté. Homme d?une intelligence supérieure, alliant une haute idée du pouvoir pontifical à une évidente volonté de puissance, Boniface VIII fit preuve d?une inventivité fertile, sur le plan de la symbolique, au service de son autorité.
En témoignent son tombeau dans la basilique Saint-Pierre de Rome ou les nombreuses statues le représentant, vivants exemples d?auto-célébration. Sa cour fut aussi le foyer où de grands penseurs discutèrent de l?intégrité de la personne physique du pape et où des armées de médecins versés dans l?alchimie cherchèrent à prolonger sa vie terrestre en lui faisant ingurgiter de l?or.


Dans une enquête digne du Nom de la Rose, Agostino Paravicini Bagliani traque, avec le souci du détail et la passion de l?archive qui le caractérisent, les moindres faits de la vie du pontife pour mieux en souligner la portée exceptionnelle, sans jamais se départir d?un sens du récit digne d?un romancier. Dans cette première biographie jamais consacrée à Boniface VIII, il n?a pas craint de se mesurer à la légende noire du pape, aujourd?hui encore mis à l?index de l?Église, allant jusqu?à conclure que son vif intérêt pour la dispute intellectuelle le poussa sans doute à se laisser séduire par des courants de pensée trop audacieux.



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EAN
9782228897686
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