Sincèrement vôtre, Chourik

Oulitskaïa Ludmila - Benech Sophie

GALLIMARD

« Chez lui, la pitié et le désir physique étaient logés au même endroit ». C'est ainsi que Ludmila Oulitskaïa décrit le ressort secret qui fait de son héros Chourik une sorte de saint laïque entièrement dévoué aux femmes, et son dernier roman suit avec un bonheur narratif éclatant le parcours amoureux, ou plutôt sexuel, de ce Don Juan à l'envers. Car Chourik est un jeune homme d'une grande beauté, et l'objet de toutes les convoitises féminines. Ce n'est pas un séducteur, ni même un homme sensuel, mais depuis son initiation sexuelle par une femme plus âgée dont la solitude lui inspirait de la compassion, le désir sexuel chez lui est déclenché de manière quasi-automatique par ce sentiment de pitié. Chourik passera donc sa vie à consoler des femmes de tous âges : il y a d'abord Mathilda, une artiste un peu excentrique dont il satisfait l'appétit sexuel tous les lundi ; puis une camarade de classe, une provinciale, tatare et assez laide, perdue dans la capitale, qui elle aussi a besoin d'être réconfortée ; ensuite Léna, qu'il épousera même pour la sauver du déshonneur, car le père biologique de son enfant est un Cubain tombé en disgrâce et expulsé juste après les débuts fulgurants, et féconds, de leur histoire d'amour ; Valéria, la chef de service à la bibliothèque où Chourik commence sa carrière professionnelle est certes flamboyante et de quinze ans son aînée, mais elle est aussi invalide, et la pitié que ressent Chourik pour cette femme fera de lui son amant régulier, et même le père de son enfant - qui ne vivra pas -, et son ami fidèle jusqu'à sa mort ; Svetlana, ensuite, est dépressive et hystérique, mais Chourik se sacrifie volontiers pour arrêter ses crises de larmes, sauf une fois...
La ronde des femmes que Chourik console ainsi par une activité sexuelle débordante est impressionnante, mais celui-ci n'est pas un homme heureux pour autant. Il a grandi entre deux femmes, une grand-mère énergique qui lui a inculqué les bonnes manières et le goût des langues étrangères, et une mère fragile, au tempérament artistique incertain. Son pianiste de père (l'amant, et non le mari, de sa mère) a été écrasé par un tramway juste après avoir fait la connaissance de Chourik bébé. Mais c'est le souvenir d'une troisième femme qui hante Chourik pendant toutes ces années : Lilia, son amour de jeunesse, émigrée en Israël peu de temps après leur rencontre, après quelques semaines d'un bonheur insouciant. Lilia, la seule femme qu'il n'a pas dû consoler...C'est d'ailleurs sur le retour de Lilia à Moscou, pour une visite de 24 heures, que se termine le roman d'Oulitskaïa, et sur ses commentaires désenchantés : Chourik a vielli, il s'est empâté et il n'a rien fait de sa vie.
Oulitskaïa - qui est plus que jamais la biographe attentionnée de chacun de ses personnages - invente ici un héros, ou plutôt un anti-héros, profondément original : Chourik est un caractère tragi-comique, une âme tendre et sensible qui rate sa vie par compassion pour les autres, par son incapacité à dire non, et surtout, par un mécanisme sexuel auquel il ne parvient pas à échapper. Mais Oulitskaïa parvient aussi une nouvelle fois à entraîner son lecteur dans une vaste fresque de la société soviétique, dont les très nombreux personnages secondaires illustrent toute la complexité. Sincèrement vôtre, Chourik est devenu le plus grand succès commercial de Ludmila Oulitskaïa en Russie.
Ludmila Oulitskaïa est aujourd'hui un des auteurs russes les plus lus dans le monde. Sincèrement vôtre, Chourik est son septième roman traduit en français. L'auteur sera à Paris en mars 2005 pour la sortie du roman à l'occasion du Salon du Livre.e;ducteur, ni même un homme sensuel, mais depuis son initiation sexuelle par une femme plus âgée dont la solitude lui inspirait de la compassion, le désir sexuel chez lui est déclenché de manière quasi-automatique par ce sentiment de pitié. Chourik passera donc sa vie à consoler des femmes de tous âges : il y a d'abord Mathilda, une artiste un peu excentrique dont il satisfait l'appétit sexuel tous les lundi ; puis une camarade de classe, une provinciale, tatare et assez laide, perdue dans la capitale, qui elle aussi a besoin d'être réconfortée ; ensuite Léna, qu'il épousera même pour la sauver du déshonneur, car le père biologique de son enfant est un Cubain tombé en disgrâce et expulsé juste après les débuts fulgurants, et féconds, de leur histoire d'amour ; Valéria, la chef de service à la bibliothèque où Chourik commence sa carrière professionnelle est certes flamboyante et de quinze ans son aînée, mais elle est aussi invalide, et la pitié que ressent Chourik pour cette femme fera de lui son amant régulier, et même le père de son enfant - qui ne vivra pas -, et son ami fidèle jusqu'à sa mort ; Svetlana, ensuite, est dépressive et hystérique, mais Chourik se sacrifie volontiers pour arrêter ses crises de larmes, sauf une fois...

24,90 €
Disponible sur commande
EAN
9782070772933
Image non contractuelle