Axis Mundi

Lauffray Mathieu

CFSL INK

Extrait de la préface Denis BajramEn 2004, j'ai dédié le tome 5 d'Universal War One à Mathieu Lauffray avec cette phrase "Si je ne l'avais pas rencontré sur les bancs des Arts Décos de Paris, il y a 15 ans, je ne saurais toujours pas ce que veulent dire les mots dessin et encrage." On m'a plusieurs fois interrogé sur cette phrase assez énigmatique.1990. Nous avions tous les deux 20 ans, nous étions donc dans une des plus belles écoles d'art du monde, mais cela n'empêchait pas qu'on s'ennuie ferme dans certains cours. En tête, celui de morphostructure, qui cachait sous ce nom barbare une initiation à la géométrie spatiale. Ex-étudiant en maths, j'avais l'impression de retourner en maternelle. Mathieu, qui était si heureux d'avoir enfin échappé au lycée, n'avait, lui, absolument pas envie de se recoltiner de la géométrie. Bref, nous jouions les cancres chacun à notre manière au fond du préfabriqué qui nous servait de la salle de cours. Chacun à notre manière? Pas si sûr: un jour, nous nous sommes aperçus que nous occupions notre temps à dessiner tous les deux des super-héros américains... et c'est comme ça que nous nous sommes parlé.Je ne sais plus exactement ce que nous nous sommes dit. Ce que je sais, c'est que nous avons tout de suite jaugé le niveau des dessins de l'autre. Que nous pensions dessiner mieux que l'autre tous les deux... et que nous avions tous les deux raison! Mathieu avait appris le dessin en regardant les grands dessinateurs réalistes américains. Ceux du comics, bien sûr, et en particulier John Buscema et Neal Adams. Mais il vénérait tout autant les illustrateurs, de Frazetta à Drew Struzan. Mathieu pensait à l'époque qu'un bon dessin était avant tout un dessin anatomiquement juste, avec un choix de pose mettant en valeur les masses et les dynamiques du corps. Il avait passé toute sa jeunesse à apprendre à le faire au mieux. Et, jugés sur ces critères, ses dessins de super-héros étaient évidemment infiniment meilleurs que les miens. J'avais, quant à moi, appris à dessiner dans un seul but: faire de la bande dessinée. À 10 ans, je réalisais des albums complets, avec une vraie histoire, et aussi, je l'avoue, de vrais dessins pourris. Toute ma jeunesse, j'avais ainsi fait des centaines pages de BD. Mes dessins n'avaient donc pour but que de raconter quelque chose. Que m'importait une justesse anatomique, ce qui comptait, c'était la puissance et le sens que dégageait une image. Et bien sûr, jugé sur ce critère, mes super-héros étaient bien mieux que les siens.Résumons cela par: j'étais un dessinateur de BD, Mathieu était un dessinateur tout court.Amateurs de comics égarés dans une école ultra branchée, nous nous sommes revus. Je suis allé chez Mathieu, qui habitait tout près. Et nous avons fini par y travailler en atelier.

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EAN
9782359470208
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