Opération Phénix Tome 3 : Et la mort viendra les chercher

Krebs Franck

GALLIMARD JEUNE







Extrait



Neuf ans plus tôt

- Que se passe-t-il ?
- Je n'en sais rien, mentit Marie Roctone.
Lorsque son père avait déposé l'écrin sur le bureau, elle avait fait mine de ne pas y attacher d'importance. Puis il l'avait rejointe auprès de la cheminée, s'était assis dans un des fauteuils au cuir patiné. Maintenant, ils se faisaient face. Dans la boîte tendue de velours noir, le neuvième crâne reposait. Marie Roctone réprima un frisson. Elle n'avait pas demandé à voir le bloc de cristal froid qui symbolisait tout ce qu'elle haïssait. S'il n'avait tenu qu'à elle, Marie l'aurait réduit en miettes.
Une bouffée d'anxiété envahit la jeune femme, elle tenta de la réprimer en balayant du regard les rayonnages de la bibliothèque familiale.
Les reliures de veau ou de maroquin couvraient les quatre cloisons de la pièce. Antoine Coucheval connaissait le nombre précis de volumes. Certains ne devaient être consultés qu'avec des gants que l'on rangeait dans un tiroir. Durant son enfance, Marie était impressionnée par ces livres, mais ils ne lui avaient jamais paru aussi hostiles qu'aujourd'hui. Leur quantité permettait d'y enfouir des micros indétectables : une véritable aubaine pour n'importe quel agent. Elle était bien placée pour le savoir, depuis deux ans, elle avait appris à soupçonner tout et tout le monde. Marie se leva.
- Prends ton manteau, allons nous promener dans le parc. Antoine Coucheval n'avait pas vieilli. Marie s'en était étonnée, la veille, lorsqu'il l'avait accueillie à sa descente de l'avion, dans l'aéroport, mais ça la frappait davantage ce matin. Elle avait laissé les mois filer, ne conservant que l'aigreur des disputes qu'engendrait chacune de ses visites. Son père restait alerte malgré sa forte ossature, capable de ces coups de sang dévastateurs qui terrorisaient son entourage. Dans ses yeux vifs se lisait l'énergie de celui qui n'accepte pas d'être contredit.
La température extérieure n'était guère propice à la flânerie. Le givre figeait la végétation dans une cangue blanche. Marie ne remarqua pas ce décor de féerie lorsqu'ils débouchèrent dans l'allée après avoir descendu les cinq marches de la terrasse.
-Je voudrais que tu caches le crâne, dit-elle sans aucun préambule.
Antoine Coucheval pila. La stupéfaction arrondissait ses yeux.



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EAN
9782070695607
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