L'intimisme du XVIIIe siècle

L'une des particularités de la littérature du XVIIIe siècle est de substituer les notions de rédacteur ou d'éditeur à celle d'écrivain. D'une façon générale, les compositeurs, les peintres, les auteurs, se détachent, se désolidarisent de leurs propres oeuvres, se dérobent aux regards. Ce constat est à l'origine de ce livre. A partir des études de La Religieuse, des Liaisons dangereuses, de Manon Lescaut, qui alternent avec les analyses de peintures de Watteau et de Boucher, cet essai isole un certain nombre de caractères communs, parmi lesquels un sujet qui devient l'action elle-même, une actualité de l'événement, le corps élevé au rang d'un absolu, l'oeuvre conçue comme une mystification ou le souci du détail appliqué au décor, à l'environnement. Ils permettent de découvrir une conception singulière de l'intimité, laquelle n'exclut pas le monde extérieur, ni ne se définit en s'y opposant. Et pour cause, cet intimisme des Lumières, éloigné de toute glorification des intérieurs, bourgeois et autres, est très précisément l'espace de la métaphysique.