RETROUVER EN SOI LA SOURCE DE LA JOIE

Extrait

Introduction : La joie ne se fabrique pas. Ce livre ne suscitera pas automatiquement en vous la joie. Mais il existe en chacun de nous, à côté des sentiments de tristesse et de colère, de peur et de dépression, un espace où la joie est possible. Or, nous sommes souvent coupés de la joie qui se trouve au fond de notre coeur. Par conséquent, nous croyons qu'il n'y a aucune raison de se réjouir. Il arrive même que nous nous défendions contre la joie qui sommeille en nous. Nous préférons geindre, parce que cela attire plus l'attention des autres que la satisfaction intérieure et un coeur joyeux. La joie possède plusieurs facettes : la paisible joie intérieure, que ni la déception ni la souffrance n'assombrissent, ou celle, explosive et extatique, qui nous donne envie de sauter de joie ; nous pouvons encore mentionner la joie d'être soi-même, la joie de vivre, la joie ressentie devant la Création et, enfin, la joie éprouvée en Dieu. Peut-être ne connaissez-vous que la joie contenue, car vous n'êtes pas de ces boute-en-train qui aiment animer une société. Soyez fidèles à la joie qui est la vôtre, ne vous contraignez pas à afficher une façon d'être qui ne vous correspond pas. À l'église, j'ai souvent entendu des sermons qui m'exhortaient, en s'appuyant sur saint Paul, à me réjouir : «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le dirai de nouveau : réjouissez-vous !» (Ph 4, 4.) De telles injonctions à me réjouir ont toujours provoqué en moi des sentiments équivoques. D'une part, j'éprouve une véritable aspiration à pouvoir me réjouir vraiment. D'autre part, j'ai le sentiment qu'il est trop facile d'exhorter à la joie. Je ne peux tout de même pas me réjouir parce qu'un autre l'exige de moi. Je ne peux pas être joyeux sur commande. La joie ne se fabrique pas. On aura beau m'expliquer que le Christ avait toutes les raisons de se réjouir parce qu'il était délivré, cela ne m'aide pas à éprouver une joie véritable. Cela me rend plutôt agressif. Je ne peux pas me réjouir toujours et partout. Je veux avoir le droit d'être triste, si cela correspond à mon état d'âme. Bien des personnes, qui parlent constamment de joie, laissent transparaître, derrière cette façade, une profonde tristesse et même parfois le vide et le désespoir. Pour cette raison, elles ne me convainquent pas du tout. Au contraire, j'ai l'im­pression qu'elles se forcent à être dans la joie et qu'elles s'encouragent les unes, les autres à exté­rioriser cette joie parce qu'elles ne la connaissent pas vraiment. Dans ce livre, je ne suivrai donc pas ces exhor­tations un peu trop faciles à vivre dans la joie. Je voudrais, en souvenir de tous ceux que j'ac­compagne et qui m'ont tant parlé de leurs blessures et de leurs souffrances, retracer le chemin qui les a finalement aidés à retrouver la vie. Et les manifestations de la vie ont toujours quelque chose à voir avec la joie. Chacun a en lui un espace où réside la joie, même si l'accès à ce lieu est difficile et s'il n'arrive pas toujours à entre en contact avec lui. Mais nous nous sommes tous vraiment réjouis, au moins une fois dans notre vie. Nous savons donc, par expérience, ce que nous ressentons dans la joie et combien elle nous comble. Aussi est-il nécessaire de nous rappeler ces expériences de joie pour les revivre et sentir à nouveau leur puissance régénératrice. La voie thérapeutique conseille de regarder ses blessures en face pour pouvoir les surmonter. Il faut donc les sentir et les vivre à nouveau votre vie sous le signe de la joie. Vous trouverez, vous aussi, dans votre vie des traces laissées par la joie et l'envie de vivre. En suivant ces traces, vous pourrez découvrir le chemin que vous devez emprunter, aujourd'hui, pour connaître la plénitude et le bonheur, pour accéder à la singularité que Dieu vous a donnée et pour retrouver en vous les manifestations originelles de la spiritualité qui vous conduisent à Dieu et à votre véritable moi.