EVOLUTION DU CERVEAU ET CREATION DE LA CONSCIENCE. A la recherche de la vraie nature de l'homme

Eccles John C.

FLAMMARION

L'évolution humaine est le résultat de la conjonction de deux processus.
De longues périodes d'évolutions très lentes, adaptatives au milieu selon la théorie darwinienne de la sélection naturelle, et des phases rapides de rupture, non adaptatives, pendant lesquelles des changements radicaux s'opèrent pour créer une nouvelle espèce.
L'évolution du cerveau au cours de sa longue histoire n'est pas qualitative
Nos plus lointains ancêtres possédaient déjà tout le bagage nécessaire à la formation de ce qui deviendra l'homo sapiens. Au contraire, cette évolution est quantitative : elle résulte essentiellement de l'augmentation de la taille du cerveau et de ses différentes parties ainsi que de leur réorganisation
. La conscience et plus particulièrement la conscience de soi est certainement ce qui fait la principale spécificité de l'homme
Aucune science ne peut expliquer son apparition et son fonctionnement. On sait seulement qu'elle agit concrètement sur les mécanismes du cerveau par des processus physiques très fins. Pour expliquer le miracle de son existence, on ne peut recourir qu'à l'immatériel et donc à l'idée de création divine. -- Idées clés, par Business Digest
Le livre d'Eccles laisse une curieuse impression d'inachèvement. Après avoir passé neuf chapitres à disserter sur l'évolution du cerveau d'un strict point de vue darwinien, l'auteur, en fin d'ouvrage, est forcé de superposer un concept finaliste et même déiste aux explications matérialistes ! Hélas, cette démarche ne débouche ni sur une véritable réflexion critique du darwinisme, ni sur une remise en cause de certaines assertions qui font apparaître l'homme comme le produit de seules forces matérielles. Mais passons, parce que chemin faisant, l'auteur nous livre un précieux enseignement.

Il constate d'abord que lors du déclenchement volontaire d'une action, une petite aire très particulière du cerveau appelé aire motrice supplémentaire (AMS) est activée environ une centaine de millisecondes avant les cellules du cortex moteur.
Il observe ensuite que cette aire est également activée lorsque le sujet exprime intérieurement l'intention d'exécuter un mouvement mais sans passer à l'acte.

Il en conclut que l'on se trouve peut-être ici à une jonction entre le cerveau, entité matérielle faite d'atomes et de molécules, et l'esprit, entité immatérielle faite d'information, de sens. Et pour expliquer le fonctionnement de cette jonction, il fait appel à la physique quantique : "la concentration mentale qui accompagne une intention, ou une pensée méthodique, peut produire des événements neuraux par l'intermédiaire d'un processus qui est analogue aux champs de probabilité de la mécanique quantique". Voilà un beau pavé lancé dans la mare du matérialisme.

Ce travail d'Eccles s'inscrit en fait dans un contexte beaucoup plus large de remise en cause du paradigme mécaniste. Depuis quelques décennies, les attaques fusent de tous bords : en physique avec la relativité et la théorie quantique, en mathématiques (Gödel...), en épistémologie (Feyerabend, Kuhn, Zartarian...), en psychologie (Groff...), etc.

Malheureusement, si les fondements du paradigme mécaniste sont aujourd'hui fortement ébranlés, il n'en reste pas moins la vision qui imprègne toute notre société : on se représente généralement la matière comme des systèmes solaires en miniature, avec un noyau et des petites billes solides gravitant autour ; on voit l'homme comme le résultat d'une évolution au hasard ; on croit que la clé de la guérison de toutes les maladies se trouve dans les molécules, etc.

Mais si rien de cela ne tient, alors l'homme n'est plus cet assemblage "hasardeux" de matière inerte, et, par conséquent, sa vie ne peut plus être réduite aux fonctions classiques héritées du XIXe siècle : production-consommation-reproduction ! L'essentiel, le sens, est ailleurs. Voilà l'homme qui se réapproprie sa force créatrice et sa liberté de conscience. Et il n'est pas disposé à s'en laisser à nouveau dessaisir. Impossible donc de l'enchaîner à des besoins futiles, ni à des tâches insignifiantes pour le satisfaire.

La mort du paradigme mécaniste signe donc la mort d'une certaine économie. Voilà pourquoi on observe actuellement chez ceux qui en ont pris conscience une floraison d'expériences : systèmes d'échanges locaux (SEL), nouvelle philosophie de l'échange promue par Internet, éco-villages qui explorent des modes de vie en équilibre et en harmonie avec la nature, etc. Certes, pour l'heure, les vieux concepts économiques sont plus vivants que jamais. Mais comme il est quasiment certain que dans ce cadre étroit le chômage ne sera pas résolu (le problème est en fait mal posé), et que les autres difficultés qui surgiront tôt ou tard ne le seront pas mieux (santé, retraites, etc), il est à prévoir que de plus en plus de gens tenteront de contourner le système. Voilà qui ouvre des perspectives exaltantes pour certains, et plus catastrophiques pour d'autres... -- Business Digest

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EAN
9782080812940
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