Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse. 1929-1956

S'il est un prélat qui a évité toutes les critiques qui ont assailli l'épiscopat aux lendemains de la Libération, c'est bien Monseigneur Jules-Géraud Saliège, archevêque de Toulouse. Sa protestation contre la déportation des Juifs le 23 août 1942 lui est un titre de gloire et lui vaut d'être honoré à Yad-Vashem. Il apparut, en 1944, comme "la figure de proue de la Résistance spirituelle" et dut, à ce titre, promu compagnon de la Libération le 7 août 1945. Mais dans quelle mesure fut-il réellement ce franc-tireur de l'épiscopat qu'une légende tenace entretient ? Ne fut-il pas aussi ce prélat qui écrivit en juillet 1941 : "Le gouvernement de la France est à Vichy et nulle part ailleurs" ? Ne fut-il pas aussi cet archevêque qui dénonça les méthodes de la Résistance en septembre 1944 ? Rendre compte de ces paradoxes a conduit l'auteur à mettre à jour les arêtes de la spiritualité et de la pastorale de Monseigneur Saliège. A partir de là, les contradictions apparentes s'estompent, laissant apparaître l'homme dans ses hésitations et ses actes prophétiques. Au-delà du célèbre prélat se profilent l'Eglise de France et son épiscopat. L'ouvrage éclaire d'un jour nouveau le fameux silence de l'Eglise face à la persécution des Juifs, les atermoiements épiscopaux face à la question du STO et, après la guerre, les questions auxquelles l'Eglise s'est heurtée sous la IVè République : la laïcité, la guerre froide, l'Europe, les guerres coloniales et les prémisses de l'aggiornamento.