Artistes de cirque contemporain
Extrait de l'introduction
Dans les années 1960, le cirque du XVIIIe siècle est à l'agonie. Il est renvoyé au rang de spectacle désuet par les variétés et le cinéma. Le public déserte les chapiteaux, et les enfants de la balle sont progressivement contraints de quitter la piste. Mais, alors que ce divertissement populaire s'éteint, une nouvelle forme artistique convoquant les techniques acrobatiques, de jonglage ou de clown voit le jour. Il s'agit du nouveau cirque. Engendré par des artistes issus des révolutions culturelles de Mai 68, il est un phénomène singulier car il est le fruit tout à la fois d'un idéal de vie et d'un idéal artistique.
Les fondateurs du nouveau cirque associent la création scénique à l'errance et au travail en communauté (indifférenciation des postes de comédiens et de techniciens, soumission des individualités au projet collectif). Ils mettent en question les formes convenues de l'art officiel et s'intéressent aux divertissements populaires pour inventer des spectacles sans textes, sans metteurs en scène et sans auteur. Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, Beck et le Living Théâtre (troupe américaine qui a eu un fort retentissement en France) sont quelques-unes des figures emblématiques de ce nouvel art qui puise son inspiration dans la commedia dell'arte, le cirque, la pantomime, le masque, le mime, la danse, l'expression corporelle, le théâtre populaire...
Durant les années 1980, le nouveau cirque prend de l'importance dans les festivals d'été, qui sont de plus en plus nombreux en France. Poésie, subversion culturelle, performances physiques et scéniques deviennent progressivement ses marques de fabrique. Le succès lui ouvre la porte des institutions culturelles et, en 1985, le ministère de la Culture crée le Centre national des arts du cirque (CNAC), à Châlons-en-Champagne, ainsi que l'École nationale d'enseignement des arts du cirque (ENAC), à Rosny-sous-Bois. Cette légitimation institutionnelle marque un nouveau tournant dans l'histoire de cet art novateur. Dans ces prestigieuses institutions, les modalités d'apprentissage et de création sont profondément transformées par les valeurs de la création en art contemporain: la créativité, la singularité et la signification de l'oeuvre.
À l'ENAC, les logiques scripturales de la chorégraphie, de la dramaturgie et de la scénographie (ordonnancement spatial et temporel des numéros, des mouvements et des artistes, mise en scène de discours et de récits), qui fondent un rapport réflexif à la pratique (codification, organisation, analyses des mouvements et des numéros), rompent radicalement avec les apprentissages pratiques autodidactes et entre pairs des premières écoles de cirque. L'arrivée de Bernard Turin, qui se présente comme ayant «une activité d'artiste contemporain dans ce qu'on appelle l'art éphémère», à la tête du CNAC en 1990 marque l'amorce d'une politique d'enseignement du cirque où l'on recourt à des chorégraphes et à des metteurs en scène confirmés pour encadrer les réalisations des élèves. Le spectacle de cirque s'érige alors en «oeuvre d'art» et le nouveau cirque prend le nom de cirque contemporain. Les spécialités de cirque prennent quant à elles progressivement l'appellation arts du cirque et les artistes de cirque commencent à être nommés circassiens.
| EAN | 9782843031700 |
|---|---|
| Auteur | Garcia Marie-Carmen |
| Editeur | SNEDIT LA DISPU |
| Largeur | 125mm |
| Date de parution | 21/04/2011 |
| Nombre de pages | 167 |
| Emprunter ce livre | Vente uniquement |














