L'enfant terrible de la Révolution

Perrin Francis

J'AI LU







Extrait



Extrait du prologue

En cette fin d'après-midi d'un automne morose, le 23 fructidor de l'an XIII (9 septembre 1805), la voiture de couleur noire conduite en poste à deux chevaux faisait s'écarter prestement sur son passage tous les badauds. Ils avaient une peur panique de ceux qu'ils savaient assis à l'intérieur, confortablement installés sur les banquettes capitonnées amortissant les fortes secousses des roues sur les pavés gluants.
Ces trois hommes aux visages fermés n'étaient rien de moins que le ministre de la Police Joseph Fouché et ses deux redoutables agents secrets, Jullian et Beauchamp.
Les claquements de fouet incessants et les glapissements du cocher pour accélérer l'allure des chevaux indiquaient assez l'urgence qui animait les trois hommes à se rendre à l'endroit où ils étaient attendus.
Les tristes bâtiments allongés aux ailes larges et aux toits moirés ne tardèrent pas à se profiler au sortir de la brume épaisse qui avait recouvert le val de Marne, juste à la limite du sud-est de Paris. L'hospice d'aliénés de Charenton, qui abritait les agités de toutes sortes, les fous et même ceux qui ne l'étaient pas mais qu'on estimait dérangés et dérangeants pour la société, était sous le sévère contrôle du ministère de la Police, comme tous les autres établissements pénitentiaires.
En pénétrant par la porte principale, la voiture s'engagea rapidement dans une venelle qui menait à une petite cour. Le cocher à la main dure tira violemment sur les rênes pour arrêter les chevaux qui se cabrèrent avec un hennissement de douleur, le mors manquant de leur arracher la bouche.
Un petit homme bedonnant et suant sortit du pavillon administratif comme un diable de sa boîte et dévala les trois marches pour accueillir servilement et avec une certaine appréhension l'arrivée du ministre de la Police flanqué de ses deux âmes damnées, au même moment où le cocher ouvrait la porte de la voiture. M. de Coulmier, directeur de l'asile de Charenton, en poste depuis plusieurs années, recevait de fréquentes visites de Fouché, surtout depuis le 10 juillet 1804, date à laquelle ce dernier avait été de retour à son ministère où il excellait. Quand il ne venait pas fournir de nouveaux patients pour cet établissement déjà fort surchargé, il s'enfermait parfois en tête à tête avec des pensionnaires à sa solde qui devaient lui fournir de précieux renseignements sur les activités de certaines personnalités qui séjournaient dans cet asile, comme Donatien-Alphonse-François, marquis de Sade.
--Ce texte fait référence à l'édition






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9782290094709
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