Une brève histoire de la corrida

Zumbiehl François

EDITIONS DU 81

I... Préhistoire et confluencesEntre mythe et religionEn Aragon, sur l'autoroute qui conduit de Barcelone à Saragosse, on aperçoit d'assez loin trois collines. Au sommet de l'une, une église, au sommet de l'autre, les restes d'un château arabe et, sur la troisième, la silhouette éternellement noire du «Toro d'Osborne», d'autant plus imposante qu'elle est débarrassée de son nom de marque. Pour que ce tableau emblématique de l'Espagne lut complet, il ne manquerait plus que de voir se détacher sur le ciel une colonne romaine avec son chapiteau.De ces trois symboles patrimoniaux le taureau paraît le plus intemporel. Tel un signe du destin, il est même inscrit dans l'espace territorial: si la France est un hexagone, l'Italie une botte, l'Espagne, on l'a souvent répété depuis Strabon, est comme une peau de taureau mise à plat. Tout au long de l'histoire il s'inscrit aussi dans la pierre ou le paysage, depuis les grottes d'Altamira au paléolithique, et de Minateda, au néolithique, jusqu'à ce «toro d'Osborne», en passant par le taureau d'Osuna des Ibères (400 av. J.-C.),les taureaux celtibères de Guisando campés depuis 2 200 ans sur la terre d'Avila, et celui qu'affronte un homme à genoux avec une sorte de cape à la main, représenté au XIIIe siècle sur un chapiteau du palais des Comtes de Requena dans la ville de...Toro.On objectera avec raison que l'Espagne n'en a pas le monopole; la figuration et le culte du taureau sont présents depuis la haute Antiquité sur l'ensemble du bassin méditerranéen, jusqu'en Mésopotamie. En lui s'unissent, dans quasiment toutes les civilisations de ces rivages, la puissance et la fécondité du soleil et de la terre, que les hommes doivent tenter de s'approprier, par leurs ressources propres ou par l'intercession des dieux. Mais en Espagne, sans rupture jusqu'à aujourd'hui, le taureau habite les étendues, l'histoire et la culture vivante. Dans les prairies battues par le vent, à la jonction de la Méditerranée et de l'Atlantique, où paissent en ce moment les toros de sang Domecq ou Nuñez, Hercule vint jadis dérober les taureaux de Géryon (et peu importe si certains affirment qu'il s'agissait de boeufs). À quelques kilomètres de Numance les restes du sanctuaire celtibère de Termancia, à l'époque préromaine, révèlent le sacrifice du taureau dans une enceinte publique. L'archéologie nous apprend également que dans cette même contrée, près de Soria, on pratiquait en l'honneur de Cybèle des tauroboles: le fidèle, descendu dans une fosse, recevait à travers un grillage le sang de l'animal immolé au-dessus de lui, ce rite symbolisant le passage de l'inhumation à la résurrection de la vie. Cossío, l'auteur de l'encyclopédie taurine de référence, voit avec certitude un lien entre ce rituel et la Fiesta de las calderas (la Fête des chaudrons), célébrée à Soria, le jour de la Saint-Jean, marquée par des processions et une corrida. Les associations de voisins partagent un repas au cours duquel ils se distribuent de la viande de jeune taureau. Il y a peu, cet animal avait été lâché dans les rues et tué par eux-mêmes.

14,90 €
Disponible sur commande
EAN
9782915543421
Découvrez également sur ce thème nos catégories Arts , Soldes , Sciences humaines , Santé , Promotions , Papeterie , Littérature , Langues et Scolaire , Jeux-Jouets , BD-Manga , Bons cadeaux Internet , Chèques cadeaux , Emballages , Frais de port , Histoire - Actu - Eco , Jeunesse , Entreprise - Droit - Economie , Loisirs et nature , Sciences , Voyage , Histoire - Actu , Occasions dans la section Livres