PASSE-MURAILLE DU MONT SAINTE-ODILE (LE)

Extrait de la préface de Thierry Moser:

Etrange coïncidence: à l'époque où la gendarmerie, à l'issue d'une enquête sagace, appréhendait Igor, le «héros» du récit magistralement mis en scène par Bernard Fischbach, l'homme animé d'un besoin irrépressible de s'emparer des livres précieux appartenant au Mont Sainte-Odile, la police de la Confédération helvétique, quant à elle, mettait fin aux agissements d'un jeune Français, Stéphane, incapable d'imposer retenue à sa passion dévorante pour les oeuvres d'art, un cambrioleur audacieux qui, en l'espace de six ans, avait écume les musées de toute l'Europe pour s'emparer de 239 objets d'art au total.
Rappelons brièvement les faits: à la fin novembre 2001, un promeneur remarquait dans le canal du Rhône au Rhin des objets insolites et signalait sa découverte à la gendarmerie qui retrouvait, dès lors, une centaine d'objets d'art anciens dont la valeur s'élevait, selon une première estimation, à près de 46 millions d'euros.
L'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) était appelé à participer à l'enquête. Un ressortissant français, Stéphane, était interpellé dans un musée suisse suite à un vol et écroué. Un rapprochement était opéré entre la découverte des objets dans le canal et l'arrestation de Stéphane, lequel, interrogé par les policiers suisses et français, reconnaissait assez rapidement être l'auteur d'un nombre impressionnant de vols d'oeuvres d'art commis dans différents musées de toute l'Europe.
Stéphane se présentait comme un amoureux de l'art en général, avec une prédilection pour les objets des XVIe, XVII et XVIIIe siècles. Les visites de musées, églises et châteaux avaient toujours été sa passion. Il soutenait avoir toujours agi uniquement par amour des belles choses et il assurait n'avoir jamais effectué de démarches pour vendre les objets volés, puisque son objectif était de constituer une collection personnelle.
Il devait déplorer le fait que sa mère, suite à son arrestation, s'était débarrassé des objets volés et entreposés au domicile familial en les jetant dans le canal, sous l'effet de la panique.
Stéphane comparut en 2003 devant une juridiction suisse pour les vols commis dans ce pays. Il fut ensuite extradé en France et jugé par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour les vols commis en France et dans deux autres pays de la Communauté européenne, à savoir l'Autriche et le Danemark. Les autres pays n'ont pas officiellement dénoncé les faits à la France, ce qui d'ailleurs suscita mon étonnement et celui de Pierre Schultz, mon associé, alors que nous intervenions comme défenseurs de Stéphane.
Une étrange coïncidence donc.