Le cinquième Beatles. L'histoire de Brian Epstein

Tiwary Vivek J. - Robinson Andrew - Baker Kyle - C

DARGAUD







Extrait



AVANT-PROPOS

On connaît tous le quatrième mousquetaire et même, pour peu qu'on s'y intéresse, le sixième Rolling Stones (lan Stewart). Mais le cinquième Beatles, beaucoup moins. George Martin, Stuart Sutcliffe, Pete Best, Yoko Ono ? Perdu. Brian Epstein, le manager des Fab Four de janvier 1962, l'époque de leurs balbutiements à la Cavern de Liverpool, jusqu'à sa mort en août 1967, était cet homme. Dans l'ombre mais omniprésent ; le flair, le timing et le sens des affaires étaient ses instruments. On connaissait un peu Epstein (prononcer «Eps-tine»), surtout de nom, on découvre à la lecture du Cinquième Beatles qu'on ne savait quasiment rien de lui. Et, du coup, les Beatles eux-mêmes, dont le moindre secret nous semblait familier, se révèlent sous un jour nouveau.

Rassurez-vous, vous n'allez pas découvrir que leur talent était usurpé, qu'ils n'étaient que quatre marionnettes dociles manipulées par un machiavélique imprésario, que leurs étranges, et si comiques, reparties étaient écrites par un autre. Non. Les Beatles étaient bien cette entité exceptionnelle composée de quatre individualités aussi fortes que complémentaires dont l'oeuvre enregistrée, celle dont toutes les autres découlent, constitue la bible de la pop. Mais comment ne pas être convaincu que le destin extraordinaire de ces quatre garçons instinctifs de Liverpool, aux origines prolétaires, tient essentiellement à leur rencontre avec un homme issu d'un tout autre milieu et univers, mais qui se révéla être aussi proche d'eux qu'un frère ?

Brian Epstein était un privilégié et un paria. Privilégié, parce que doté d'une grande intelligence et né dans une famille aisée de Liverpool, propriétaire de commerces, notamment d'un magasin de disques, NEMS (North End Music Stores). Paria, parce que juif et homosexuel dans un monde où la méfiance envers le juif n'était surpassée que par l'ostracisme du gay, alors considéré comme un criminel aux yeux de la loi britannique. Loin des sordides histoires d'artistes exploités et abusés par leurs managers en échange d'un passeport pour le succès, ce qui a porté les Beatles vers une gloire au-delà de tous les espoirs tenait de la plus intense et magique des unions sacrées. Celle qui a permis à un homme brillant, accablé, seul, en butte à une société qui l'étouffait au point de l'empêcher de vivre comme il l'entendait, de protéger, d'accompagner et d'orchestrer la pacifique croisade musicale de John, Paul, George et Ringo; une croisade qui allait changer le monde. Une révolution musicale, mais aussi des moeurs, dont la planète entière allait profiter, à l'exception du si déterminé Brian Epstein lui-même, malheureusement trop humain et vulnérable pour survivre à ses fêlures profondes et voir son rêve se réaliser totalement.

Quel que soit notre rapport aux Beatles - amour immodéré ou simple intérêt -, il est difficile, au terme de la lecture de ce drôle, instructif, érudit et émouvant récit en bande dessinée, raconté avec passion et mis en images avec élégance, de ne pas se surprendre à murmurer, devant ce troublant mélange de volonté et de fragilité, d'enthousiasme et de désillusion : «Brian Epstein, c'est moi.» Dans nos rêves, du moins.

Hugo Cassavetti



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EAN
9782205072624
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