L'adieu aux rois. Paris, janvier 1794
Staraselski Valère
CHERCHE MIDI
«Mais puisque je te dis que je n'invente rien!... C'est bien simple, rien de rien.»
Et, détachant chaque mot avec insistance et agacement, Marc Antoine Doudeauville répéta: «Le Comité de salut public a ordonné la fabrication de baïonnettes plutôt que de piques, jugées inefficaces!»
Toutes les chandelles des candélabres brûlaient, leurs flammes s'étiraient interminablement et magnifiquement en longueur, l'âtre de la cheminée où brûlaient falourdes et bûches émettait une sorte de souffle continu et, à l'exception d'une seule fenêtre, les lourds rideaux de velours rouge de chez Oberkampf étaient partout disposés en feston.
Posé dessus un tabouret qui disparaissait sous lui, André de Maisonseule tapota son genou de la main tout en lançant, en guise de constat, un coup de menton en direction de Georges de Coursault. Celui-ci se trouvait installé devant le secrétaire à rédiger ce qu'on lui dictait. Tous deux prirent le temps de laisser s'évanouir l'accès d'humeur de Doudeauville.
Il y eut une accalmie durant laquelle on entendit la rumeur du Pont-Neuf avec des cris nets aussi des marchands qui s'en détachaient. Et de temps à autre, durant les silences pleins, les trois compères percevaient également les pas de Baptiste qui allait et venait en bas dans le vestibule. Des pas réguliers, répétitifs, presque mécaniques, qui résonnaient sur la tommette.
D'une voix tout à coup radoucie, l'avocat argumenta à l'intention de Maisonseule:
«Tu sais que mes informations sont tout ce qu'il y a de plus crédible. C'est aussi vrai que la prise de Noirmoutier et que la capture d'Elbée, oui, de Maurice Gigost d'Elbée, généralissime de l'armée catholique et royale de Vendée!»
Depuis son grave accident de janvier 1789, cinq ans auparavant, l'avocat avait peu à peu recouvré la mobilité puis l'usage de son corps mais, portant corset et s'aidant d'une canne à pommeau, sorte de trique noueuse à la jacobine, il avait hérité d'une certaine raideur dans le maintien qui s'accentuait avec la fatigue.
Son bureau qui se trouvait toujours dans sa chambre, en sa demeure de la rue de Nevers, n'était en rien changé depuis la date de l'accident. Hormis les lourds rideaux rouges dont les motifs de couleur verte indiquaient leur nouveauté, mêmes meubles et mêmes objets. Vaste mais basse de plafond, la pièce parquetée et boisée dans tout son contour est éclairée cet après-midi-là par les trois mêmes candélabres à trois branches qu'en 1789.
A l'intérieur du lieu, il flotte toujours cette odeur de cire de qualité. On retrouve également le cheval peint, fait d'une plaque de bois emmortaisée dans un socle du même bois.
Au fond, dans la partie aveugle de la chambre-bureau, le lit à petit baldaquin tendu de rouge, avec un gros édredon grenat trônant en son mitan, n'a pas changé de place. Il fait face à la cheminée dont le pare-feu grillagé et les chenets de fonte à gueule de lion semblent toujours monter la garde. Partout sur le sol, des tapis d'Orient usés par endroits achèvent de donner une impression d'aisance.
| EAN | 9782749132914 |
|---|---|
| Titre | L'adieu aux rois. Paris, janvier 1794 |
| Auteur | Staraselski Valère |
| Editeur | CHERCHE MIDI |
| Largeur | 142mm |
| Poids | 306gr |
| Date de parution | 22/08/2013 |
| Nombre de pages | 232 |
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