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La parole judiciaire. Mises en scène rhétoriques et représentations télévisuelles

Seignobos Emeline ; Garapon Antoine

DE BOECK SUP

Avant-propos«La Littérature classique était essentiellement oratoire. Chimène plaidait et Brutus haranguait. [...] Et ce Figaro, quel bavard! Mme de Staël était une terrible parleuse. Quant à nos romantiques, ils déclament, à perte d'haleine... Tout cela est mort. Enterré. [...] Ainsi va le monde. Au commencement était le verbe. Mais pas à la fin». Un monde rempli de rhétorique englouti, un paradis perdu fait de discours, de déclamations, de harangues et de héros: ce constat de Jacques Charpentier, qui date déjà d'une soixantaine d'années, réunit tous les lieux communs d'un exercice oratoire qui aurait pour thème la dégénérescence de l'éloquence. En réveillant l'ensemble du patrimoine littéraire, philosophique et théâtral français, en convoquant les héroïnes et héros sur une scène qui n'est plus à leur mesure, l'auteur des Remarques sur la parole enterre autant les paroles que les voix, autant les discours que les écrits, comme si, le héros rhétorique n'étant plus, aucune forme de pensée n'était désormais possible. Et c'est une Apocalypse qui est prédite «à la fin», celle qui verra le verbe disparaître de ce monde.On ne plaide plus, on ne requiert plus, ou plus vraiment, ou plus vraiment comme on l'entendait au XIXe siècle, quand la plaidoirie «romantique» faisait entendre ses éclats de voix et claquer ses effets de manche. À quelques exceptions et occasions près, aucun auditoire ne semble désormais disposé à entendre une performance; le temps est compté, la patience limitée, et le goût des juges et des jurés se détourne de l'ornement et du syllogisme pour s'orienter vers l'efficacité et la «simplicité», qui garantiraient la sincérité de l'orateur en même temps que le bien-fondé de la cause.Au coeur d'une société désertée par les discours et colonisée par les mots, les bons mots prêts à l'emploi médiatique, la télévision semble avoir donné le coup de grâce à l'antique et sulfureuse technique rhétorique. Désarticulée, contrainte, amputée, délocalisée, l'éloquence déjà mise à mal dans le prétoire mourrait alors un peu plus quand elle se donne, enfin, à voir, dans un dispositif audiovisuel.Pour rassurant à force de désespoir, cet état de la parole judiciaire (et de la parole publique de manière plus générale) qui se meut en lente et douloureuse agonie ne saurait se réduire à un éloge funèbre. Il n'est certes pas question de nier l'évidence, encore moins de célébrer à tout prix l'avènement d'un Démosthène cathodique ou d'un Cicéron télévisuel. Une telle tâche, frôlant l'absurde, serait-elle même flatteuse pour nos orateurs contemporains et leurs avatars fictionnels? Parce que la parole monolithe appartient à l'histoire d'une société en même temps qu'elle la façonne, parce que la représentation de la parole participe de cette construction, la geste rhétorique devient «archive», une «archive» partielle et partiale, une «archive» mouvante entraînant avec elle l'orateur, sa voix et ses postures fantasmées.La robe, le verbe et la plume: c'est dans les méandres de ces fantasmes et fantômes, dans ce monde, encore et toujours, incroyablement plein d'ancienne rhétorique, que les pages qui suivent convient le lecteur.

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EAN
9782804165918
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