L'homme encerclé
Jean souffre de Troubles Obsessionnels Compulsifs. Il mène une petite vie de comptable réglée comme du papier à musique, consigne scrupuleusement ses moindres faits et gestes sur des cahiers, évite tout contact corporel. Il a toujours été la risée de ses parents et de son frère Frédéric.
Un jour, son frère lui apprend que leur père est souffrant, son problème de diabète devient inquiétant et il est nécessaire de le veiller. Jean râle intérieurement contre ce bouleversement de ses habitudes. Pourquoi ne pas mettre son père à l'hôpital? Le père meurt au cours d'une soirée de veille à la suite d'une injection massive d'insuline. Frédéric est arrêté et se retrouve inculpé à la suite des révélations des cahiers de Jean qui mettent à mal son alibi soigneusement élaboré. Son frère en prison, Jean essaye de reprendre une vie normale. Il hérite de son père et subit les injures de sa mère qui ne lui pardonne pas d'avoir fait enfermer son fils préféré. Jean est de plus en plus perturbé. Tous ces événements lui ont fait prendre du retard, il faut qu'il consigne tout sur son cahier. L'anarchie menace le cocon mental de Jean, la folie le guette. Au boulot, les collègue se font plus pressants, sans parler du voisin, qui, le soir venu, n'arrête pas de lui parler en lui touchant le coude. Et puis, pourquoi la porte est-elle simplement fermée alors qu'il la ferme toujours à double-tour??
L'homme encerclé est un roman noir et psychologique original et habillement construit. Le récit est en réalité une reconstitution, une version épurée des cahiers de Jean. C'est un document à charge, utilisé par la justice dans les différentes affaires dans lesquelles Jean s'est retrouvé impliqué bien malgré lui. L'originalité du récit tient à cette structure narrative parfaitement exploitée. Les cahiers de Jean sont les réceptacles de sa folie intérieure, il est censé tous les jours y reporter les événements de la journée (le récit s'échelonne sur une période d'un mois). Mais bien vite, notre héros narrateur est débordé par les événements et prend du retard. Ses pensées se chevauchent, il tente tant bien que mal de reconstruire le passé proche et de donner du sens à des faits désordonnés. Le lecteur est placé au même niveau que le narrateur qui glisse doucement dans la folie douce. Par-delà l'ingéniosité structurelle de l'intrigue, ce livre nous plonge dans l'esprit légèrement dérangé d'un individu décalé comme notre société économiste en produit de plus en plus. L'homme encerclé est un livre intimiste: la folie n'est pas celle des Sérial-Killers sans foi ni loi, ni de brutes assoiffées de sang et de violence. Jean est un fou léger, il peut faire semblant de maintenir les apparences sociales. Jean est un homo-clausus, un homme citadelle. Mais à l'intérieur de la citadelle, les idées bouillonnent comme en témoignent les pages de ce cahier intime. L'auteur s'est totalement effacé derrière son personnage. Le style des cahiers correspondent parfaitement à l'état mental qui nous est décrit. L'écriture est compulsive, obsessionnelle, maniaque. Jean se répète, revient plusieurs fois sur un même fait. L'auteur séduit par cette capacité à nous faire plonger dans une psychologie individuelle si crédible et pourtant factice: nous oublions que nous sommes dans un roman et nous lisons ce livre comme nous lirions un journal intime anonyme que nous aurions trouvé dans un débarras. L'illusion romanesque fonctionne à plein régime, nous nous sentons parfois dans une posture de voyeur, de curieux, ce qui n'a pas manqué de nous troubler.
| EAN | 9782070302116 |
|---|---|
| Titre | L'homme encerclé |
| Auteur | Rozenfarb Michèle |
| Editeur | GALLIMARD |
| Largeur | 125mm |
| Poids | 139gr |
| Date de parution | 04/09/2003 |
| Nombre de pages | 155 |
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