Hokusai. 100 chefs-d'oeuvre

Protais Johann - Rousseau Eloi

LAROUSSE







Extrait



LA VIE ET L'ÉPOQUE

HOKUSAI (1760-1849) N'EST PAS LE SEUL MAÎTRE DE L'ESTAMPE JAPONAISE, MAIS C'EST LUI QUI EUT, EN FRANCE, LE PLUS DE SUCCÈS. La vie de celui qui se nommait lui-même «le fou du dessin» est marquée par l'exubérance et l'adversité. Orphelin très jeune, il suit l'enseignement de grands maîtres avant de prendre son envol. Il connaît des difficultés matérielles, rappelant un peu la figure de ces artistes maudits du XIXe siècle qu'il a tant inspirés. Ceci dit, et malgré son talent, il ne fondera jamais d'école.

LA PASSION HOKUSAI

LE JAPONISME EN FRANCE
Dans le Paris de la seconde moitié du XIXe siècle, le Japon est à la mode. Si le XVIIIe siècle aimait les «chinoiseries», en ce siècle d'industrialisation, les esthètes de la capitale française s'entichent de la culture nippone. Encriers, paravents, kimonos et estampes envahissent les ateliers d'artistes et les bureaux des écrivains. On peut acheter ces merveilles venues d'Orient rue de Rivoli, chez le marchand Desoye, ou chez Siegfried Bing, dans le 9e arrondissement de Paris. La passion pour l'orientalisme est telle que des Européens gagnent l'Empire du Soleil levant. Émile Guimet, Henri Cernuschi et Isaac de Camondo, grand esthète et propriétaire d'un somptueux hôtel parisien, font le voyage dans ce lointain archipel. Leurs collections privées deviennent bientôt le fond des musées français spécialisés dans l'art asiatique. Cette France curieuse et friande d'exotisme est prête à accueillir Hokusai...

HOKUSAI, UNE PASSION FRANÇAISE
Utamaro, Sharaku, Kunisada... les maîtres de l'estampe sont nombreux. Mais c'est Hokusai qui est passé à la postérité. Pourquoi une telle notoriété ? Grâce, sans doute, à Edmond de Goncourt, un esthète de la fin du XIXe à l'origine du célèbre prix littéraire, par ailleurs connu pour ses travaux sur le XVIIIe siècle français. Edmond est passionné par les estampes et se met en tête d'écrire la biographie de celui qu'il considère comme le plus grand des artistes japonais. Il se fait aider par Hayashi Tadamasa, un compatriote d'Hokusai, débarqué à Paris pour l'Exposition universelle de 1878. Si le souvenir du peintre, décédé une vingtaine d'années auparavant, est vif, il faut aller recueillir des informations là-bas, au Japon, et surtout les traduire. Et il y a tant à raconter sur cet artiste à la création si pléthorique ! Hokusai reste donc dans les mémoires comme celui que Goncourt aimait surnommer l'«affolé de son art».

ENFANCE ET FORMATION

L'ORPHELIN DE EDO
Hokusai est né en 1760 de parents inconnus. Selon le testament de sa petite-fille, il était en fait le fils d'un artiste, Kawamura Iti Royémon, connu sous le nom de Bunsei. Il vient au monde dans le quartier de Warisegui à Edo, la future capitale du Japon. Elle est aussi appelée Katsushika et ce nom sera souvent accolé à celui du peintre. Hokusai est adopté à l'âge de trois ou quatre ans par un artisan, fabricant de miroirs à la cour du shogun, le véritable dirigeant du Japon.

L'APPRENTI
Le Japon est une société fortement hiérarchisée et attachée à la «reproduction sociale» : les enfants se doivent de pratiquer le même métier que leur père. En bon fils d'artisan, Hokusai entre donc en apprentissage chez un xylographe. Bien que destiné à la profession de graveur, il montre très tôt une inclinaison pour le dessin. En 1775, à 14 ans, il a pour charge de réaliser lui-même les dernières feuilles d'un sharehon, un roman humoristique de Unchusha Sancho. Il maîtrise très tôt les techniques de la gravure d'images populaires. Pendant son adolescence, il est également engagé comme commis chez un libraire et prend le nom de Tetsuzo (la «ferronnerie») : il s'initie à la culture comme à la littérature japonaise et «se frotte» aux caractères chinois, réputés difficiles à apprendre.

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9782035904966
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