Violeta Parra. Ma mère

Parra Angel - Sepulveda Luis - Legras Marc - Hausb

ECRITURE

Extrait de l'avant-propos

C'est dans sa langue natale - l'espagnol du Chili - et avec les mots de sa mère Violeta qu'
Violeta lui a transmis sa vision du monde, sa foi en l'homme... et sa passion pour la chanson. Elle en a écrit plus d'une centaine, mais elle reste dans nos mémoires par le miracle d'une des dernières qu'elle ait composées: «Gracias a la vida», dont les couplets ont depuis été repris dans de nombreuses langues par des interprètes tels que Joan Baez, Mercedes Sosa, Colette Magny ou Placido Domingo.
Au même titre que les plus grands de la littérature, du cinéma ou de la peinture d'Amérique latine, elle a, au siècle dernier, contribué à changer radicalement le regard du monde sur cet espace hispanisant de la taille d'un continent. De la Terre de Feu au Mexique.
Au moment où elle tentait de rassembler les éléments épars du folklore chilien, considéré avec condescendance ou mépris par les «élites» du pays, en Argentine, Atahualpa Yupanqui arpentait la terre des gauchos, s'abreuvait aux mêmes sources, nourrissant son art de racines populaires. Figures aujourd'hui également emblématiques, ils ont l'un et l'autre esquissé les contours d'une autre Amérique, foisonnante de diversité, et ouvert la voie à d'autres grandes figures comme Mercedes Sosa (Argentine), Soledad Bravo (Venezuela), Daniel Viglietti (Uruguay), Silvio Rodriguez et Pablo Milanés (Cuba). Et tous les autres acteurs d'une nouvelle chanson - de protesta - reflétant la réalité vécue au jour le jour dans la solitude, la misère, l'espoir, la révolte.
Violeta Parra naît le 4 octobre 1917 dans le sud du Chili, où les chants et danses de la campagne bercent son enfance. Sa mère aime les refrains qui, de génération en génération, accompagnent les travaux et les jours; son père passe pour un fin connaisseur du folklore, mais c'est auprès des soeurs Aguilera, deux chanteuses traditionnelles, qu'elle apprend le plus. Durant cette période, elle chante pour la première fois en public. Il n'y a, dans la maison, plus rien à manger. Elle a dix ans. Elle prend son panier, entraîne ses frères et soeurs dans la rue du village... «Nous avons chanté. Les gens ne nous donnaient pas d'argent mais des fruits et quelques aliments. Nous sommes rentrés tard, le panier plein. Ma mère, très inquiète, nous attendait. Elle nous a embrassés et a pleuré. Inconsolable. Puis elle nous a fait un grand sermon. Je ne suis jamais retournée chanter dans la rue et j'ai beaucoup moins demandé à manger», confiera-t-elle trente ans plus tard.
Elle a quinze ans lorsque son frère Nicanor insiste auprès de ses parents pour qu'elle suive une scolarité normale dans la capitale, Santiago. Deux ans plus tard, avec sa soeur Hilda, elle reprend les boléros, les rancheras, les corridos mexicains alors en vogue, dans quelques restaurants des faubourgs. Lors d'un de ces spectacles, elle croise Sombrero Verde, surnommé ainsi en raison du chapeau qu'il arbore fièrement. De son union avec cet homme empressé, mécanicien de locomotive, militant communiste et, elle le saura plus tard, un peu porté sur la bouteille, naîtront Isabel et

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EAN
9782359050387
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