Buchenwald par ses témoins. Histoire et dictionnaire du camp et de ses kommandos

Orlowski Dominique - Abraham Michèle - Durand Domi

BELIN







Extrait



Buchenwald ; naissance d'un camp

Par Dominique Durand, président de l'Association française
Buchenwald-Dora et Kommandos.

Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques arrivent à Auschwitz. Le camp a été évacué par les SS neuf jours plus tôt, vers Gleiwitz, en Haute-Silésie, où les milliers de déportés survivants ont été entassés dans des wagons souvent découverts, et emmenés vers des camps situés plus à l'ouest, dont celui de Buchenwald. Léon Zyguel a témoigné de cette «marche de la mort» effectuée par des détenus affaiblis, privés de vêtements chauds et de nourriture, qui dura onze jours et qui fit de nombreuses victimes. En ce début d'année 1945, bien qu'affaibli par les bombardements alliés, bien que défait sur le front oriental comme sur le front occidental, le IIIe Reich n'en continue pas moins à maintenir une terrible pression sur les populations internées dans ses camps de concentration.
Né avec le régime, dès 1933, le système concentrationnaire nazi est souvent présenté comme le symbole le plus abouti de l'idéologie développée par Hider et les dignitaires du Parti national-socialiste (NSDAP) depuis le début des années 1920. L'Allemagne nazie terrorise, emprisonne, déporte et exploite ses opposants, et parvient à développer, en quelques années, un gigantesque complexe concentrationnaire sur la totalité du Reich.
Le principe du «camp de concentration» est apparu à la fin du xixe siècle dans le cadre des combats que livraient les puissances coloniales à leurs adversaires autochtones afin d'emprisonner les populations les plus hostiles à leur présence et de réduire à néant toute velléité de résistance : ce fut le cas des Espagnols dans le cadre de leur lutte contre les indépendantistes cubains à la fin des années 1890, des Britanniques lors de la guerre du Transvaal, et plus encore des Allemands en Namibie lors de leur lutte contre les Namas et les Herreros entre 1904 et 1910. Ainsi, dans les Konzentrationslagern de Lùderitz, Karibib et Swakop-mund, où les conditions de vie étaient particulièrement dures, Namas et Hereros sont contraints à un travail harassant. Le décompte des morts «par épuisement», tenu très scrupuleusement, laisse à la postérité une litanie de preuves bureaucratiques macabres. Près de Lùderitz, comme le démontre le poignant documentaire d'Anne Poiret, à Shark Island, de nombreux Namas servent même de cobayes humains à des expérimentations médicales et des collections de crânes humains sont «préalablement nettoyés par des prisonnières de guerre à l'aide de tessons de verre» puis envoyés vers l'Allemagne à des fins «scientifiques». Même si cette affirmation fait aujourd'hui débat, les violences commises contre les populations concernées sont telles que certains historiens n'hésitent pas à parler de premier génocide du siècle. Par ailleurs, au début du xxe siècle, l'existence de camps d'internement pour les opposants au régime est attestée dans la Russie tsariste. Ces camps furent utilisés par les bolcheviques dès la fin de l'année 1917 pour y déporter leurs oppo sants «blancs» puis socialistes révolutionnaires (SR), mencheviques et «bourgeois». Développé et structuré sous l'impulsion de Staline à partir du début des années 1930, le système concentrationnaire soviétique, plus connu sous le nom de «goulag» est alors un modèle du genre.



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EAN
9782701189628
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