La philosophie de l'histoire de Kant. La réponse de Kant à la question : Qu'est-ce que l'homme ?

Muglioni Jean-Michel

HERMANN

Extrait de l'introduction

Qu'est-ce que l'homme, par quoi une telle nature se doit-elle distinguer des autres en son activité ou sa passivité propres...?

Platon, Théétète, 174b.

Nous voulons montrer pourquoi Kant fait de la question qu'est-ce que l'homme? l'unique question de la philosophie et justifier la réponse que lui apporte l'anthropologie philosophique, qui est aussi une philosophie de l'histoire, une compréhension morale du monde.

Les humanités

Que le lecteur n'oublie pas de revenir au texte de Kant. Car s'il est vrai que pour jouir de la beauté d'une oeuvre musicale, il suffit d'écouter un interprète, un ouvrage sur Kant ne peut en aucune façon dispenser de lire Kant lui-même. Pourquoi lire, en effet? Pour s'instruire, suprême plaisir, comme faisait Montaigne, par la fréquentation des grands esprits des siècles passés, sans souci historique, dans l'uchronie de la vérité; ce dialogue avec les morts est la vie de la pensée. L'humanité est une, identique à elle-même; pérenne, elle collabore à la philosophie pérenne. Elle est reconnaissable, pour qui sait lire, dans les oeuvres singulières qu'elle a su produire, oeuvres de l'esprit et non productions culturelles. Car si une pensée vieille de plus de deux mille ans ne pouvait être la noue, il faudrait dire que l'humanité n'est qu'un préjugé, c'est-à-dire que les hommes ne sont pas nos semblables. Il n'est pas vrai qu'une pensée se réduise à l'époque et à la société qui l'a vu naître, ni au tempérament de son auteur. Ce n'est une pensée que dans la mesure où elle peut être nôtre. Étudier Shakespeare pour y trouver les croyances et les mentalités du XVIe siècle, considérer Molière dans son rapport avec la société de son temps sans subordonner la lecture de l'oeuvre à la compréhension de son contenu de vérité, c'est nier qu'ils puissent nous instruire sur nous-mêmes, c'est nier la littérature universelle. La pensée est universelle et éternelle ou n'est rien. Le siècle de l'éternité perdue s'achève: nul ne le regrettera. Mais faudra-t-il attendre encore longtemps la renaissance? Il suffit que, lecteurs, nous ayons comme Kant, avant toute preuve, foi en l'homme, et ce qui dans un livre n'est que lettre morte revivra. Alors la lecture nous apprendra non pas les opinions d'un homme célèbre, mais ce que nous sommes.

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EAN
9782705680220
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