LEONARDO DA VINCI'S TECHNICAL PRACTICE (LA PRATIQUE TECHNIQUE DE LEONARD DE VINCI ) - PAINTINGS, DRA

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HERMANN







Extrait

Art et science de Léonard de Vinci Michel Menu (C2RMF Palais du Louvre, Paris, France) Daniel Arasse a beaucoup écrit sur Léonard de Vinci (Vinci, 15 avril 1452 - Amboise, 2 mai 1519). On s'étonne avec l'historien de l'art «comment trouver son chemin dans la forêt d'études et d'ouvrages consacrés à l'artiste sur lequel on a le plus écrit, Dieu mis à part ?». Le présent ouvrage rend compte d'une conférence qui s'est tenue à Londres à la National Gallery en janvier 2012 où furent rassemblés historiens d'art, restaurateurs et chimistes qui présentèrent les résultats d'études pour la plupart pluridisciplinaires sur des oeuvres de Léonard de Vinci, de peinture ou de dessin, ainsi que sur des oeuvres de ses contemporains proches, ceux que l'on appelle les Leonardesques. Art et science sont deux approches de la vérité. L'oeuvre d'art est un «bloc de sensations». La science propose des solutions, elle fournit des hypothèses explicatives au monde des perceptions. Pourtant, il fut un temps où ne se posait nullement la question d'un possible rapprochement entre art et science. À la Renaissance, les artistes étaient les scientifiques, ils étaient ingénieurs, architectes, mathématiciens, hydrauliciens, métallurgistes, peintres, sculpteurs... Ars et Technè étaient le même mot, l'un en latin, l'autre en grec. André Chastel intitula donc à juste titre l'un de ses ouvrages, Léonard ou les sciences de la peinture, comme Erwin Panofsky était de même tout à fait habilité pour traiter de Galilée, critique d'art. Aujourd'hui, Léonard de Vinci est devenu le modèle universel des humanistes de la Renaissance, alliant art et science : il est à la fois architecte, peintre, sculpteur, courtisan, conseiller des princes. Et écrivain. Rien ne doit cependant lui ôter le plaisir, ainsi Léonard souligne dans son Traité de la peinture (32) : Le peintre s'assied confortablement devant son oeuvre, il est parfaitement à l'aise et habillé convenablement, il manie avec légèreté son pinceau trempé de délicates couleurs. Il peut se parer à sa guise. Sa maison est propre et pleine de tableaux enchanteurs; souvent même on lui fait de la musique ou bien on lui lit quelque bon livre et comme aucun bruit de marteau ou de quoi que ce soit d'autre ne vient le troubler, il prend à cela grand plaisir. Ainsi, si Hostinato rigore (Obstinée rigueur) est la devise de Léonard, on peut également lui associer la maxime de la Renaissance Serio ludere (Jouer sérieusement) qui fait de la cosa mentale des oeuvres d'art un modèle pour l'art de vivre en gentilhomme tel que le décrit Balthassare Castiglione dans son Livre du courtisan, publié à Venise en 1528. Aux articles qui reprennent les communications du colloque, le présent ouvrage associe le texte inédit de Daniel Arasse, «Espace et lumière à l'origine de la peinture classique : d'Alberti à Léonard», qu'il écrivit en 2002 pour le n° 15, La Vision des oeuvres, de la revue Technè du C2RMF et finalement non publié. Daniel Arasse «fait joyeusement (et sérieusement) de l'histoire de l'art» et revendique une pensée jubilatoire des oeuvres pour analyser cette «Science de la peinture» que met au point Léonard. Dans son texte, il souligne comment Léonard joue sur la perspective et la lumière pour réaliser ses oeuvres. Ombres, reflets, transparences, brillances sont en effet les multiples acteurs d'un travail sur la vision et l'apparence qui ne trouve des explications satisfaisantes qu'en s'appuyant sur des notions très modernes, contemporaines, pluridisciplinaires où convergent les compétences des physiciens, des historiens, des cogniticiens. Le colloque de la National Gallery permit ainsi de rester au plus près de la matérialité des oeuvres de Léonard que généralement on ne regardait plus autrement que comme des images. Étudiées sous différents angles, à différentes échelles, sous diverses longueurs d'onde, avec divers regards, en sublimant les interprétations «fumeuses» et le génie mythique de l'artiste, les oeuvres révèlent des jalons importants de cette «science du peintre». Les études sur la couleur de La Joconde ont permis à Guillaume Dupuis dès 2005 d'expliquer le fameux secret du sfumato, glacis léger, minutieux, constitué de couches d'épaisseur infinitésimale (quelques microns, millièmes de millimètre) presque transparentes et chargées de terre d'ombre (mélange naturel d'ocre et d'oxyde de manganèse). Les travaux complets publiés pratiquement simultanément sur La Madone à l'oeillet par le Doerner Institute de Munich en 2006 et celui sur La Joconde par le C2RMF peu après, comme modèles, ouvrirent la voie aux recherches pluridisciplinaires suivantes. (...)



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EAN
9782705684556
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