Cléopâtre et Frankenstein

Cette chronique amoureuse new-yorkaise, qui met en scène un couple et son entourage, s’empare des codes habituels du genre, mais le talent de Coco Mellors est indéniable. Si son regard témoigne d’une lucidité incisive, sans pour autant verser dans le cynisme, elle considère avec empathie ces êtres imparfaits qui cherchent une rédemption dans l’autre et dans le couple. D’une plume précise et évocatrice, elle dissèque les mécanismes délétères qui régissent trop souvent une relation amoureuse, entre projections, interprétations abusives, jeux de pouvoir, et miroir fêlé que l’on tend à l’autre lorsque les blessures se ravivent. Fort heureusement, l’auteure adoucit cet état de fait avec un humour rafraîchissant et une ironie mâtinée de tendresse pour interroger toutes ces failles refoulées qui resurgissent inexorablement tant qu’on ne les accepte pas à la manière du kintsugi, cet art japonais qui consiste à réparer un objet brisé en sublimant ses fissures.