De la haine à la vie

Tous les ingrédients du livre de genre sont réunis dans cette autobiographie judicieusement intitulée De la haine à la vie: de l'entrée dans le milieu du grand banditisme à la rencontre avec l'univers carcéral, de l'engrenage de la violence à l'irréparable meurtre, de la condamnation à mort à la grâce, des brimades à la révolte des prisons, des quartiers de hautes sécurités (QHS) aux études universitaires brillantes. Philipe Maurice, condamné pour la fusillade de la rue Monge, qui fit trois morts dont deux policiers, évoque son passé au travers d'un témoignage qui dépasse le cadre de la biographie pour rentrer dans un jeu de miroir, entre l'expérience vécue et l'analyse. On pense à Michel Foucault, Albert Camus, Arthur Koestler pour les intellectuels, à Knobelpiess pour l'expérience de l'isolement. L'univers carcéral, la peine de mort et la répression ont fait l'objet d'une intense réflexion, celle de Philipe Maurice en est une synthèse précise, légitime et humaniste.

Le récit d'une libération
Mais ce que nous découvrons dans ce livre, ce qui est source d'émotion, c'est la naissance d'un homme, le récit d'une révolte qui évolue en rédemption. Si Philipe Maurice s'est affranchi de la prison c'est en libérant sa pensée, sans renoncement mais en domptant sa violence. Il n'a ainsi pas été brisé par ses vingt quatre ans d'incarcération, et apporte à chaque personne confrontée à la violence perverse du quotidien un encouragement dans son combat. --Hugues Boulet--