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Les montagnes hallucinées et autres récits d'exploration

Lovecraft Howard Phillips - Camus David

MNEMOS

L'invitation au voyage«Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant.- Hélas! tout est abîme, - action, désir, rêve,Parole! et sur mon poil qui tout droit se relèveMaintes fois de la Peur je sens passer le vent.»(Baudelaire, Le gouffre?)A L'INSTAR DU NARRATEUR DES montagnes hallucinées, permettez-moi de vous mettre en garde: ce livre est dangereux. Ni son éditeur ni moi, son traducteur, ne saurions être tenus pour responsables des conséquences que sa lecture pourrait avoir sur votre santé mentale. C'est pourquoi je vous invite à le refermer et à vous poser cette question: «Suis-je vraiment prêt à descendre au plus profond de moi-même? De mon humanité?»Si la réponse est «non», ce que je vais vous dire va peut-être vous surprendre, mais vous pouvez continuer votre lecture. Vous pouvez même faire l'impasse sur cette préface et lire les six nouvelles composant ce recueil - elles ne vous feront aucun mal. L'inconvénient, c'est que vous n'en aurez pas goûté le sel. Autrement dit, vous aurez perdu votre temps.En revanche, si la réponse est «oui», et puisque je vois que vous êtes décidé à poursuivre, alors permettez-moi - à la façon de ces vieux fous assis sous l'auvent de la dernière station-service du monde civilisé - de partager avec vous mes impressions de lecture et mon expérience de traducteur. Car se plonger dans la lecture de Lovecraft, c'est plonger «dans un abîme d'horreurs cosmiques que l'homme est incapable d'appréhender». Un abîme dont on ne ressort - quand on en ressort - jamais indemne. Je sais bien, pourtant, que vous n'écouterez pas plus mes avertissements que le narrateur de La Cité sans nom n'a écouté ceux que lui lançaient les prophètes arabes depuis les terres habitées; que le comité scientifique chargé d'entreprendre l'expédition Starkweather-Moore ne tiendra compte des mises en garde du professeur William Dyer; ou que les exécuteurs testamentaires de feu Francis Wayland Thurston ne respecteront ses dernières volontés: veiller à ce que son manuscrit (L'Appel de Cthulhu) «ne tombe sous les yeux de personne». (Le fait même que nous l'ayons lu n'en est-il pas la preuve?)C'est le propre des nouvelles lovecraftiennes: on écrit pour prévenir, ou pour témoigner, mais cela ne sert à rien. Pire. Peut-être eut-il mieux valu ne rien écrire, car l'écrit éveille et attise la curiosité - et peu importe les conséquences. Aussi les six récits de ce recueil, tous rédigés à la première personne, sont-ils pour trois d'entre eux clairement des mises en garde adressées à leurs destinataires (dans la peau desquels vous êtes placé) pour qu'ils s'interrogent sur l'opportunité d'entreprendre telle expédition ou renoncent à approfondir tel sujet. L'horreur ne surgit pas tant des monstruosités décrites que, nous le savons, du fait que cette description obtiendra l'inverse du but recherché, à savoir: «laisser tranquilles certains sombres et défunts recoins du globe, certaines profondeurs insondées de la Terre». L'homme est donc l'agent de sa propre destruction. Avant Hiroshima, Lovecraft avait déjà saisi que l'homme périrait de la main de l'homme - et non des agissements d'un Grand Ancien, fut-il Cthulhu (qui, faut-il le rappeler, passe le plus clair de son temps à dormir).Coupable le lecteur, donc. (A tel point que l'on peut se demander si Lovecraft n'aurait pas réussi à écrire ce qui se rapproche le plus de la situation impossible décrite par l'OuLiPoPo pour un roman policier: celle où le coupable est le lecteur.) Mais coupable aussi l'auteur - qui ne peut garder pour lui cette horreur qui l'affole. Mais avait-il le choix? La plupart des narrateurs lovecraftiens écrivent contraints et forcés. Ce sont des intellectuels, certes - des universitaires, des archéologues, des artistes, des médecins. Mais pas toujours des écrivains. S'ils prennent la plume, ce n'est pas pour faire des effets de style: leur témoignage n'a souvent «aucune prétention stylistique ou littéraire». On n'écrit pas pour faire beau. On écrit parce que c'est vrai. Parce qu'on ne peut pas faire autrement - et parce qu'il faut bien témoigner, avertir, mettre en garde.

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EAN
9782354081485
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