Les fêtes de l'année. Fondements scripturaires Que fêtons-nous?

Légasse Simon

CERF

La question de l'historicité des données évangéliques que la majorité de nos fêtes célèbrent peut être posée pour plusieurs raisons que l'auteur mettra en oeuvre dans son étude de chaque fête chrétienne : a) l'influence de clichés empruntés à d'autres religions (du type de la métamorphose dans la Transfiguration, à laquelle on peut joindre l'Ascension telle qu'elle est décrite dans Luc et les Actes) ; b) le recours à l'Ancien Testament des Septante dans certaines compositions (par exemple le "Magnificat", en Lc 1, 46-55, inspiré du cantique d'Anne en 1 Règnes 2,1 - 10) ; c) le vague qui entoure certaines figures et leur fonction (d'où viennent les mages et qui sont-ils ?) ; d) l'inexactitude des connaissances de l'auteur concernant les usages juifs (la purification des deux parents et de l'enfant en Lc 2,22 ne correspond à aucune règle biblique ou juive) ; e) tous les récits du baptême de Jésus au Jourdain sont accompagnés de données qui en quelque sorte les neutralisent au bénéfice de la divinité de celui qui vient d'être baptisé du baptême des pécheurs ; f) la venue de femmes au tombeau qui prépare l'annonce pascale des anges n'a guère de raison d'être si on s'appuie sur le texte le plus ancien, celui de Marc (16,1), dont dépendent celui de Luc (24,1) et de Matthieu (28,1) ; l'onction des morts dont il est question chez Marc ne s'appliquait pas, chez les Juifs, à un corps enseveli et le récit se ressent de 2 Ch 16,14 (LXX). Donc que célébrons-nous quand nous fêtons la Transfiguration, quand nous chantons le cantique de Marie - le Magnificat -, quand nous fêtons la "chandeleur" et le baptême de Jésus avec la voix du Père et sa déclaration qui définit l'identité de Jésus ? Quelle valeur a pour nous l'argument du tombeau vide, dont seuls les évangiles nous parlent dans le Nouveau Testament ? D'aucuns répondront à toutes ces questions, sans même poser le problème de l'historicité. A ceux qui s'interrogent sur la réalité des faits commémorés dans la liturgie, on peut proposer une aide amicale et fraternelle en leur disant, par exemple, que si le concert angélique n'a pas retenti sur Bethléem et ses environs, ou si la Transfiguration est une scène fictive dont le but est d'instruire les lecteurs chrétiens sur l'identité de Jésus, que dans ce cas ni les célébrations de Noël et de la Transfiguration ne perdent rien de leur caractère d'une démarche de foi. Ce qui compte pour le croyant n'est pas l'aspect merveilleux dont s'entourent ces scènes, mais bien ce qu'elles signifient. Le mythe n'a pas pour but de distraire ou d'éblouir un lecteur, comme le ferait un conte, mais c'est là une forme de pensée et d'expression d'une époque donnée, impropre à penser et à s'exprimer autrement que par des images mythiques, autrement dit imaginaires, sans réalité dans les faits, mais traduisant une vérité religieuse acceptable même à un esprit moderne. Qui n'a pas compris cela peut refermer sa Bible et tout aussi bien la plupart des écrits fondateurs de n'importe quelle religion. Celui qui accepte de se glisser dans cette perspective, aujourd'hui anachronique, et d'y puiser son message fondamental, célébrera Noël, Pâques, et les autres fêtes dans la paix et l'allégresse.

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EAN
9782204076715
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