La guerre totale à l'Est. Nouvelles perspectives sur la guerre germano-soviétique (1941-1945)

Laurent Boris

NOUVEAU MONDE







Extrait

Avant-propos : une historiographie défaillante Il est impossible de concevoir l'étude de la Seconde Guerre mondiale sans évoquer le conflit germano-soviétique (1941-1945). Ce choc de titans est en effet une véritable guerre dans la guerre et le conflit de tous les superlatifs : immensité des espaces russes, climat extrême, masses humaines et matérielles inouïes, destructions inimaginables, massacres de civils et de militaires à grande échelle, combat entre les deux grandes idéologies totalitaires du XXe siècle, et des noms qui sont entrés dans l'histoire : Leningrad, Moscou, Stalingrad, Koursk et bien sûr Berlin, acte final et apocalyptique de cette guerre totale. Le 22 juin 1941, brisant le pacte de non-agression qu'il avait signé avec Staline en 1939, Hitler déclenche l'une des plus grandes opérations terrestres de l'Histoire. Soudainement, plus de trois millions d'hommes forcent la frontière entre le Reich et l'URSS. Nom de code de l'opération : Barbarossa. Menée tambour battant par quatre groupes de panzers, la Wehrmacht semble alors invincible. En moins de six mois, elle transperce les défenses soviétiques, encercle des millions d'hommes et atteint les faubourgs de Leningrad, Moscou et Rostov-sur-le-Don, la porte du Caucase. Cette guerre dure quatre longues années sur un million cinq cents mille kilomètres carrés. La Wehrmacht s'enfonce jusqu'à Leningrad au nord et jusqu'aux confins du Caucase, sur le fleuve Terek, juste au nord de Grozny, actuelle capitale de la Tchétchénie, et plante même le drapeau à croix gammée sur le mont Elbrouz (5 642 mètres). Plus à l'est enfin, l'armée d'Hitler parvient sur les rives de la lointaine Volga à Stalingrad, lieu d'une intense bataille qui a marqué l'Histoire et sur laquelle il y a, encore aujourd'hui, tant à redire. La guerre à l'Est pour les Allemands, ou Grande Guerre patriotique pour l'URSS, est d'une brutalité à peine concevable. Sur le front russe se livre une guerre totale d'annihilation qui engloutit quatre millions de soldats allemands - et combien de civils - et trente-cinq millions de Soviétiques, civils et militaires ! Des chiffres qui donnent le vertige. Pour le lecteur français qui s'intéresse au conflit germano-soviétique, il faut avouer que cette guerre est quelque peu restée figée. Cela tient à plusieurs facteurs. D'abord, les ouvrages accessibles en français sont pour beaucoup des monographies d'unités le plus souvent allemandes - notamment de la Waffen-SS - et appartenant aux divisions blindées, les fameuses Panzer-divisionen. En outre, les ouvrages plus généraux publiés en français qui analysent les grandes phases du conflit commencent à dater, et ce, pour deux raisons concomitantes. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les historiens occidentaux ont présenté la guerre à l'Est d'un point de vue largement allemand - sous couvert que les archives accessibles n'étaient alors qu'allemandes. David Glantz parle d'ethnocentrisme pour expliquer notre vision biaisée de ce conflit. Parallèlement, les historiens soviétiques ont été incapables, par choix ou par pression, de se détacher du poids idéologique qui a indubitablement faussé leurs travaux. (...)



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EAN
9782365838467
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