Haussmann à Paris. Architecture et urbanisme Seconde moitié du XIXe siècle

Larbodière Jean-Marc

CHARLES MASSIN

Une ville et deux hommesUne ville rétrogradeCharles Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la République le 10 décembre 1848. Quatre ans et deux plébiscites plus tard, il se fait proclamer empereur. Quand il arrive au pouvoir, Paris est en partie une ville du Moyen Âge, très en retard sur nombre de capitales européennes, que Victor Considérant, un homme politique propagateur de l'utopie fouriériste, décrit ainsi en 1845: «Paris est un immense chantier de putréfaction où la misère et les maladies travaillent de concert, où ne pénètrent guère l'air ni le soleil. Paris, c'est un mauvais lieu où les plantes s'étiolent et pourrissent, où, sur sept petits enfants, il en meurt quatre dans l'année.»Pire, en 1840, un tiers des naissances donne lieu à des abandons d'enfants, surtout chez les filles mères, atteintes de plein fouet par une très forte réprobation sociale.Et, de fait, les quartiers centraux, très malsains, se dépeuplent ou stagnent. Le choléra répand la terreur. En 1832, il laisse 18000 morts, avec des résurgences en 1846, 1849, 1854... La majorité des Parisiens boit l'eau de la Seine ou de puits généralement pollués par les fosses d'aisance. L'évacuation des eaux usées se fait souvent par des ruisseaux plus ou moins fangeux qui achèvent leur course dans la Seine. Ils sont ensuite promptement recyclés en boisson favorite des Parisiens qui estiment l'eau du fleuve plus saine que toute autre. La misère est massive, la plupart des logements sont sordides: on compte parfois 20 personnes dans 25m2 alors qu'une habitation est considérée comme insalubre lorsqu'elle abrite «plus d'une personne et demie» par pièce. Sont particulièrement touchés les taudis de l'île de la Cité, du Quartier latin, de l'Hôtel de Ville et du Louvre, même. Certaines zones sont si dangereuses que la maréchaussée refuse de s'y aventurer, ce qui nous renvoie à d'autres époques...Les beaux quartiers, faubourgs Saint-Honoré et Saint-Germain, ont des voies plus larges. De même, sous Charles X et Louis-Philippe, se sont développés des nouveaux quartiers assez aérés, dans les secteurs François Ier, Beaujon, Europe et Saint-Georges. Ailleurs, les rues sont le plus souvent étroites, tortueuses, jalonnées de bornes latérales destinées à protéger maisons et piétons des roues des carrosses, omnibus et charrettes de toutes sortes qui s'y pressent et les encombrent perpétuellement. Dans le centre de Paris, la situation n'a guère évolué depuis Nicolas Boileau.Une ville à l'étroitAdolphe Thiers avait fait adopter, en 1841, le principe d'une enceinte fortifiée destinée à protéger la capitale d'une agression toujours possible dans une Europe très agitée. Elle passait au large des limites de la ville, se frayant un chemin au travers des communes proches de la capitale. Ainsi, Paris est-il entouré d'une couronne située entre ces nouvelles fortifications et sa limite administrative, le mur des Fermiers généraux construit sous Louis XVI.Cette couronne suburbaine, la «petite banlieue», comprend des communes qui se sont parfois développées très vite, comme Belleville, La Chapelle, Montmartre, les Batignolles-Monceau, dont les populations ont été multipliées par six en l'espace de vingt-cinq ans. Elle comprend aussi un habitat villageois et bon nombre d'espaces vides de constructions: les moutons pâturent sur la butte aux Cailles, tandis que Passy et Auteuil sont des secteurs de villégiature. En petite banlieue, les constructions récentes ont tendance à se regrouper le long des grands axes de sortie de la capitale et à proximité des gares.(...)

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9782707207616
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