Médecine de la personne. Un manifeste collectif qui s'adresse aux médecins, soignants, malades et dé

Kipman Simon-Daniel - Mezzich Juan E.

DOIN EDITEURS







Extrait

Introduction générale Simon-Daniel Kipman La situation dans laquelle se trouve aujourd'hui la médecine, les soignants, les malades et leur entourage est telle, qu'il s'agisse de la France ou du monde entier, que nous sommes conduits à cet effort, dans le domaine où nous agissons, comme homme, comme citoyen, comme professionnel et comme élèves d'une école de pensée. C'est l'objet même d'un tel livre : rassembler, en un seul volume, les théories et modèles médicaux. Peut-être faudra-t-il d'ailleurs préciser ce que l'on entend par théories et modèles ? Les théories rendent compte de l'ensemble des événements qui agissent sur l'objet d'étude ; les modèles ne couvrent qu'une partie du champ, afin de rendre compte de phénomènes partiels et non durables. Bien souvent, au nom de l'expérience et du savoir-faire, on confond les deux niveaux, on réduit les théories à un ensemble de modèles «jetables» : un modèle chasse l'autre, une annonce médiatisée chasse l'autre, une mode en chasse une autre. La médecine contemporaine peine à rassembler, à relativiser ou à articuler les présupposés humanistes, relationnels, biologiques, physiologiques, etc. Pourtant, l'objet de la médecine est le sujet des médecins : c'est l'homme malade, porteur de maladie, et non plus la maladie. Le malade est un être complexe, ensemble mouvant de fonctionnements et de dysfonctionnements, d'organes et de produits divers qui interagissent entre eux en permanence et avec l'extérieur (dont le soignant fait, bien entendu, partie). Le malade ou celui désigné comme tel est pris en considération in situ, in vivo, c'est-à-dire avec son histoire, ses liens sociaux et affectifs. Mais, précisons un peu notre pensée et donc notre histoire : périodiquement, on voit apparaître sur la scène locale ou mondiale des tentatives pour rassembler la médecine, les médecins et les malades autour de concepts communs. Ceux-ci sont souvent soit philosophiques, soit moraux, soit religieux ; ils sont assez rarement médicaux. «Le miroir de la vérité s'est brisé au milieu des sociétés modernes. Chaque parti [chaque groupe de pression, chaque école, chaque chef de service...] en a ramassé un morceau. Le penseur cherche à rapprocher ces fragments, rompus la plupart selon des formes les plus étranges, quelques-uns souillés de boue [de la boue de la bêtise et de la mauvaise foi] d'autres, hélas, tachés de sang [du sang de la conviction, à la fois intime et bornée, du sectarisme et du délire collectif].» (Victor Hugo, Discours de réception à l'Académie française, 3 juin 1841.) On croit pouvoir réserver la réflexion à des mouvements scientifiques partiels. Toutes les tentatives échouent car, à la réflexion, il leur manque toujours au moins une dimension : tantôt la dimension morale, tantôt la dimension psychique, tantôt la dimension physico-chimique. Pourtant, on doit bien réussir à regrouper toutes les ficelles de l'approche des malades et des maladies (je devrais écrire cela au pluriel tant les approches sont multiples et, apparemment, parfois contradictoires). La médecine de la personne, telle que nous la concevons, cherche moins à intégrer, à réunir, à amalgamer toutes ces dimensions qu'à les relativiser les unes par rapport aux autres, sans en privilégier aucune a priori... même si, parfois - souvent -, nous sommes amenés, en cours de route vers le diagnostic, à en privilégier certaines. (...)



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EAN
9782704013418
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