Les Bitumeuses
RITA (à un client, près de la porte d'entrée du bar) - Bonne nuit Gérard! Oui, oui, c'est ça, à demain! (Maugréant.) Oh! celui-là, toujours à attendre qu'on le foute à la porte! Il me fatigue! Un vrai puits sans fond. Pour rien au monde j'accepterais son foie en greffe. Plutôt crever! (À son mari, dans une pièce à côté.) Hein, Georges? Tu dors? (Pas de réponse.) Ouais, il dort, comme d'hab', et ça ne va pas s'arranger malheureusement... (Elle ferme la porte d'entrée à clé, se dirige vers le bar, allume la radio et commence à nettoyer les verres et le comptoir. Puis, à elle-même plus qu "à son mari.) Hein, mon Georges, on pourrait pas se mettre au vert? On l'a bien mérité, non? Depuis le temps qu'on trime et puis toi qu'es au bout, là, en fin de parcours, rongé aux poumons, tu n'aurais pas envie qu'on s'autorise un peu de verdure, un peu de ciel bleu? Je larguerais bien tout pour un petit bout de terrain, pas loin de la mer, tu vois. Un endroit où on entendrait juste les oiseaux et les chats sauvages. Ça me changerait des piliers de bar et des brèves de comptoir. Hein, mon Georges? On va mourir comme on a vécu: dans la fumée de gauloises et les vapeurs d'alcool bon marché. Georges? (Elle sort dans la cuisine puis revient. D'abord en off puis sur scène.) Oui, c'est vrai, mon pauvre malheureux, comme on devient! Ça me déprime de te voir dans cet état. J'espère que Caro va venir te voir ce week-end. Il n'y en aura sûrement pas beaucoup d'autres... Ouais, un peu de verdure, un peu de ciel bleu, ça ne nous ferait pas de mal... C'est ça qu'il nous faut... (On entend frapper à la porte. C'est une femme assez élégamment vêtue.) C'est fermé! (La femme insiste et frappe à nouveau à la porte d'entrée.) Je vous dis que c'est fermé, bordel de merde! Vous pensez que je bosse pas assez ou quoi?!
JENNY (off) - Rita, ouvre, bon sang!
RITA (intriguée, se dirigeant vers la porte) - Qui c'est? Qu'est-ce que vous me voulez?
JENNY (off) - Rita, ouvre, enfin! C'est moi!
Rita finit par ouvrir la porte et Jenny entre dans le bar.
RITA - Je peux savoir ce que vous me voulez à cette heure-ci? Bonsoir madame, je suis désolée mais la maison est fermée. Et puis, c'est pas un endroit pour quelqu'un comme vous.
JENNY - Mais Rita, t'as la cataracte ou quoi? C'est moi!
Rita dévisage Jenny sans la reconnaître.
RITA - Madame, vous devez vous tromper de personne et c'est pas un quartier pour vous ici! (Réalisant.) Comment vous connaissez mon prénom, d'abord?
JENNY - Mais Rita, c'est moi, Jeanne, enfin Jenny... Tu ne me reconnais pas?
RITA - On s'est connues à l'école?
JENNY - À l'école?! Sur le trottoir, oui! Tu rigoles ou quoi? J'ai changé à ce point-là? Je suis Jenny. Jenny «la chaude galette bretonne». (Elle chante vaguement.) «Les bitumeuses! On y va au charbon, on n'est pas paresseuses pour toucher le pompon!»
RITA - Non! C'est pas vrai?! Jenny! La vache! Qu'est-ce que tu fais là? Ça fait des siècles!
Elles s'embrassent affectueusement."
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| EAN | 9782844226020 |
|---|---|
| Titre | Les Bitumeuses |
| Auteur | Guillonneau Delphine |
| Editeur | ART ET COMEDIE |
| Largeur | 140mm |
| Poids | 82gr |
| Date de parution | 15/10/2007 |
| Nombre de pages | 60 |
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