Etienne-Martin, Mario Merz : des Demeures et des Igloos. Primitivisme et dimension anthropologique d

Deux grands artistes de cette seconde moitié du XXe siècle ont, l'un et l'autre, conduit durant plusieurs décennies un projet des plus singuliers. Brouillant les limites communément admises entre la sculpture et l'architecture, chacun s'est attaché à donner forme à la première et authentique maison : Etienne-Martin est l'auteur de vingt Demeures, Mario Merz d'une soixantaine d'Igloos. Les deux productions relèvent donc manifestement du primitivisme contemporain même si, curieusement, aucune place ne leur est accordée dans les études consacrées à cette question. De plus, les Demeures et les Igloos sont étroitement associés à la notion de "mythologie individuelle" inventée et rendue célèbre par Harald Szeemann. Pourtant, les relations extraordinairement contrastées qu'entretiennent ces oeuvres-lieux n'ont jamais été envisagées. Cet ouvrage, conçu comme un livre double, cheminant d'une "maison" à l'autre et, ce faisant, rencontrant les créations et les cultures les plus diverses, voudrait donc combler une lacune. Il a en outre pour ambition d'ouvrir la question du primitivisme à celle de la dimension anthropologique de l'oeuvre. Car les Demeures et les Igloos témoignent plastiquement d'une "pensée sauvage" résolument contemporaine. La modernité nous a habitués aux paradoxes ; celui-ci n'est pas l'un des moindres.