L'émotion

" Nous n'avons rien à déclarer. Protégés ou pas, les lèche-cul ont intérêt à se tenir à carreau. Ils le savent. Les croque-morts vont sûrement enlever le cadavre pendant que nous serons au réfectoire. C'est plus discret. Des enfants, surtout dans la difficulté, n'ont pas à voir des choses pareilles... " A Clair-Soleil on n'a pas d'illusion. D'abord on est enfermé. Et rien fait oublier cet enfer de monotonie, de grisaille, ni la compassion de Basile, ni la troublante mademoiselle Hélène, psychiatre de son état, la seule femme de l'institution, ni le souvenir des parents qui se font un devoir de vous oublier là, i même, un beau jour, le cadavre de monsieur Nicolas, le directeur s'il vous plaît !
Sans fioriture et sans racolage, le jeune narrateur vide sons ace, en un soliloque effarant dont la feinte maladresse s'avère d'une efficacité redoutable.