La librairie ferme à 17h les 24 et 31 décembre.

L'incipit romanesque

Del Lungo Andrea

SEUIL

La définition d?une poétique générale de l?incipit se fonde donc sur un examen théorique du statut et des fonctions du commencement, qui vise à en saisir l?extrême complexité. Frontière décisive de l??uvre, seuil à double sens entre le monde et le texte, moment de rencontre des désirs de l?écriture et des attentes de la lecture - ou encore, selon Italo Calvino, ?lieu littéraire par excellence? ?, l?incipit doit justifier sa prise de parole et, en même temps, réaliser le passage vers la fiction. Tout commencement romanesque est donc une prise de position, dont le caractère arbitraire et violent est ici mis en valeur; en effet, si l?incipit oriente le lecteur, son but est aussi de le prendre au piège, de le captiver, de le faire adhérer à la parole du texte.
Le parcours ici proposé se déroule, dans la première section, à partir d?une réflexion sur la délimitation de l??uvre d?art, sur la nature du passage initial (§ 1) et du contact qui se réalise au seuil du texte littéraire, pour arriver ainsi à une tentative de détermination de l?espace textuel de l?incipit (§ 2). Il est ensuite traité des signes fictionnels dans l?ouverture romanesque (indications génériques, pièges, stéréotypes et ironie, § 3 ); des topoi narratifs de l?incipit, ainsi que de la pertinence thématique de l?idée de passage (§ 4); du rapport entre ordre naturel et ordre fictionnel, à travers l?analyse des différentes formes de dissimulation ou d?exposition de l?arbitraire, définies ici sous le terme général de ?modalités? du commencement (§ 5).
La deuxième partie, focalisée sur les enjeux et les fonctions du commencement, propose d?abord une réflexion sur l?indéfinissable séduction propre à l?incipit, sur cette attraction ?personnelle? qui relève du pouvoir stupéfiant de la parole romanesque (§ II.1). Le chapitre suivant dégage les fonctions principales de l?incipit, afin d?établir une typologie générale des formes d?exorde qui soit aussi pertinente d?un point de vue historique (§ II.2). La fin de cette section essaie de tracer un aperçu synthétique des évolutions, transformations et subversions des modèles d?incipit au cours des deux derniers siècles (§ II.3). Dans ces deux premières parties, le corpus abordé est très vaste: il s'étend du roman classique à l?époque contemporaine, et dépasse le domaine de la littérature française, s?intéressant de manière plus générale à la tradition narrative occidentale.
La troisième partie se concentre en revanche sur l??uvre de Balzac, par une analyse qui vise surtout à souligner la fragilité des prétendus ?modèles? balzaciens, ainsi que les tensions contradictoires qui se développent dans une poétique souvent réputée unitaire. Le parcours de cette section s?ouvre par une réflexion sur la poétique du commencement chez Balzac, qui assigne à l?incipit un pouvoir de création de l?univers représenté, relevant d?un désir de totalisation (§ III.1); suivant un fil chronologique, l?analyse porte ensuite sur les modèles de commencement établis dès les premières ?uvres de La Comédie humaine (§ III.2), dont la fragilité est cependant attestée par l?étude génétique de l?écriture du commencement: écriture difficile, toujours hésitante, souvent vouée à l?échec (§ III.3). Ce trait est le signe d?une poétique en mouvement qui mène à une complication des formes d?incipit, notamment par l?insertion d?un discours idéologique qui se déploie vertigineusement au début du roman (§ III.4); cette variation perpétuelle relève aussi de certaines structures - rhétoriques, musicales et thématiques - propres aux commencements balzaciens (§ III.5), qui semblent pouvoir engendrer les mouvements complexes d?une ?uvre toujours différente et multiple.


25,40 €
En rupture de stock
EAN
9782020571807
Découvrez également sur ce thème nos catégories Biographies , Correspondance dans la section Essais et critique littéraire