ALTER N. 12, L'HABITUDE

COLLECTIF

ALTER

La phénoménologie husserlienne place très haut l'habitude rebaptisée en habitus, celle-ci relève ni plus ni moins que de la sphère transcendantale de l'ego pur. Ce faisant Husserl n'élude pas, mais au contraire aggrave, une certaine tension constitutive du thème. Comme habitus, l'habitude conforte en effet les pouvoirs de synthèse et d'identification d'une subjectivité transcendantale maîtresse de son temps, et capable de répéter le passé pour mieux ordonner son avenir ; mais comme simple habitude, elle continue de s'engendrer dans le hasard des itérations contingentes, compromettant alors l'égologie dans les sables de l'empirie. Cette étrange conjonction de l'empirique et du transcendantal vient alors prolonger, en droite ligne, la profonde ambiguïté qu'une longue tradition philosophique, d'Aristote à Ravaisson et Bergson, avait toujours reconnue à l'habitude : parce qu'en elle l'acte répété se fait disposition, mais qu'inversement la disposition se fait créatrice d'actes, l'habitude entremêle la passivité et l'activité, l'inertie et la spontanéité, pouvant alors se lire comme fauteuse d'aliénation, ou inversement comme une puissance de création. C'est dire que l'habitude est moins fondatrice que directement problématisante. Déstabilisante pour tout savoir, philosophique ou scientifique, elle fait vaciller les dualismes traditionnels, et somme finalement le philosophe (Aristote, Husserl, Bergson, Merleau-Ponty, ou encore Ricceur et Derrida), tout comme le scientifique (par exemple le sociologue contemporain, ou le psychologue cognitiviste) de prendre son parti. L'habitude fait débat, d'un auteur à l'autre, mais bien souvent aussi à l'intérieur d'une même pensée: d'où le caractère sinon polémique, du moins largement argumentatif des articles réunis ici.
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EAN
9782952237406
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