Prendre soin : savoirs, pratiques, nouvelles perspectives

Chagnon Véronique ; Dallaire Clémence ; Espinasse

HERMANN

Extrait de l'introduction de Véronique Chagnon

Prendre soin: une initiative et une nécessité

L'idée du «prendre soin» n'est pas nouvelle, elle est inhérente à l'aventure humaine et au devenir humain. Il nous est apparu pertinent de proposer un colloque au cours duquel nous pourrions nous questionner à son propos, sur son sens, ses domaines d'applications et les savoirs qui en découlent, compte tenu des défis, nombreux, complexes et variés, auxquels nous faisons face.
C'est dans la foulée de la recherche que j'ai menée dans le cadre de mes travaux de doctorat pour lesquels j'ai observé longuement la pratique d'infirmières en milieu hospitalier que m'est venue l'idée de ce colloque. Je m'intéressais alors à un aspect particulier de la pratique infirmière, soit la place qu'elles accordent aux résultats probants, un courant occupant actuellement une place importante dans les services de santé. Je souhaitais cependant aller plus loin que le evidence-based decision making, partant de l'hypothèse selon laquelle les personnes qui sont engagées dans une pratique particulière construisent leurs connaissances au fil des actions qui constituent leur travail quotidien. C'est donc à la dimension cognitive de leur pratique que je m'intéressais alors.
Cette recherche a soulevé nombre de questions, dont celle du «prendre soin». En effet, côtoyer des infirmières au quotidien m'a amenée à me demander quelles sont les motivations qui anime une personne de telle sorte qu'elle choisisse de soigner, de consacrer temps et énergie à prendre soin des autres, et ce, dans des conditions souvent difficiles et avec des ressources limitées. Je me suis donc questionnée à propos du «prendre soin», de ce qu'il a été et de ce qu'il est devenu, de ce qu'il implique d'un point de vue humain et social, et des gens, professionnels ou non, qui choisissent d'y consacrer une part de leur vie, qu'il s'agisse d'un choix de carrière ou d'une étape de vie. J'ai souhaité approfondir cette idée et la perspective d'un colloque, permettant de convier des gens à s'exprimer à son propos et à y réfléchir me semblait prometteuse.
De manière plus précise, c'est en 2009 qu'a progressivement cheminé l'idée de tenir un colloque sur le «prendre soin». Il nous semblait alors que cette question n'avait été que peu abordée sous l'angle plus large des savoirs en lien avec le prendre soin et des pratiques qui y sont associées. De ce côté-ci de l'Atlantique, à tout le moins, il est parfois difficile d'envisager cette idée du prendre soin sous un angle différent que celui des intervenants à qui on l'associe a priori, à savoir, les travailleurs de la santé. Mais nous devions trouver un lieu...
En 2005, alors étudiante au doctorat et en stage à l'Université de Cambridge, j'ai assisté à un colloque de Cerisy portant sur la complexité et les travaux d'Edgar Morin à la suggestion de mon directeur de thèse qui y voyait une occasion de vivre un moment privilégié de réflexion et de travail intellectuel. Or, j'ai aussi été très impressionnée et j'ai effectivement vécu, à l'époque, un moment privilégié. C'est pour cette raison que le choix de proposer un colloque sur le «prendre soin» dans le cadre des colloques de Cerisy, dans ce lieu riche et inspirant, compte tenu du sujet traité et des enjeux qui y sont reliés, me semblait judicieux. A mon sens, les réflexions et les discussions que peuvent susciter une telle thématique méritent que l'on prenne le temps et c'est ce temps, ouvert et sans chronomètre, souvent impossible à prendre dans les colloques usuels, qui rend Cerisy si particulier.
J'ai d'abord présenté mon idée à Clémence Dallaire, qui a agit à titre de codirectrice de mes travaux, et ce, tout au long de mes études supérieures. Or, il semble qu'elle ait trouvé l'idée suffisamment intéressante, pour, aussitôt l'idée formulée, y investir temps, énergie et enthousiasme. Je profite également de l'occasion pour remercier Édith Heurgon et Catherine Espinasse qui ont vu dans notre proposition une occasion de mettre en oeuvre un projet qu'elles avaient elles-mêmes sur les planches à dessin depuis quelque temps. A leur tour, elles nous ont proposé la réalisation d'un colloque conjoint, franco-québécois, dans lequel nous pourrions mettre en commun les idées, les travaux et les réalisations des uns et des autres. Je tiens aussi à remercier Martine Dallaire, Lucille Juneau ainsi que Karine Aubin qui, dès le début, ont réfléchi et participé avec nous à l'organisation du volet québécois de ce colloque.


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EAN
9782705687120
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