Rien ne va plus...

Treize portraits d'hommes et de femmes qui semblent dessiner la silhouette de l'auteur. Une silhouette qui se révèle fragile, vulnérable presque douloureuse ou tout au moins difficile à cerner. Chacune de ces tranches de vie, décrites avec distance mais tendresse, nous invite presque sur le mode intime, dans l'univers de silence de l'avocat, écrivain, académicien.
Dans un texte sur l'éloquence (co-écrit avec son confrère Thierry Lévy), Jean-Denis Bredin écrivait "Parler et même te parler me semble un acte dangereux, inquiétant..." et d'ajouter que lors des plaidoiries, il était hanté par l'idée d'être noté. Comment ne pas trouver dans ces déclarations le fil ténu qui relie chacun des personnages de Rien ne va plus. Guillaume, l'excellent élève dont l'unique objectif est d'obtenir la mention "Très bien" à chacun de ses examens, même lorsqu'il s'agit de faire l'amour avec une femme. Guillaume, qui au fond n'est que l'élève docile de ses parents, au point de ne jamais discerner le sentiment, la sensation, du devoir ou du labeur. Guillaume qui pourrait aussi être Régis Leblond, ce fils de cardiologue auquel son père a inculqué la gestion du temps. Régis appuyé par le cadran de sa montre qui épouse le temps jusqu'à ce que le temps l'engloutisse. Et Jules qui choisit de sauver sa mémoire en la confiant à des post-it...
Rien ne va plus est un recueil dont on peut dire tout simplement qu'il est émouvant, qu'il est une délicate attention de l'auteur à son lecteur, qu'il est un peu sous le signe de la confession. --Sylvaine Jeminet--