La France et le blackface. Quand le peuple, le roi et l´empereur se noircissent

Bilé Serge

CERCLE MEDIA

En 1525, François Ier est emprisonné à Madrid, après sa défaite à Pavie. Le roi de France cherche à s'évader. Pour tromper la vigilance des gardiens, il décide de se barbouiller le visage de suie et de se faire passer pour l'esclave noir qui entretient la cheminée. En 1658, Louis XIV se produit dans le Ballet d'Alcidiane au palais du Louvre. Il incarne un prince de... Mauritanie. Quitte à interpréter un Africain, autant viser haut. Le roi est accompagné d'une suite mauresque, composée de son frère, de marquis et duchesses. En 1809, Napoléon 1er participe à un divertissement chez un ministre italien. L'empereur surprend son hôte et son entourage. Il est "déguisé en nègre" et marche devant le quadrille, en soufflant gaiement dans une sorte de trompe. Ce livre fourmille d'anecdotes, plus étonnantes les unes que les autres. Il revisite l'histoire de France, à travers la suie, en remontant à la source du grimage, pratiqué dès le Moyen-Age par le peuple, les princes et 1 rois. Siècle après siècle, la tradition se pervertit : l'envie de s'amuser en se noircissant le visage et le corps fait place a l'envie de se moquer des Noirs, stigmatisés pour leur couleur, chosifiés par l'esclavage, ridiculisés au théâtre. En 1830, le vaudeville français n'a rien à envier aux minstrel shows américains, qui plébiscitent le blackface, c'est-à-dire le fait pour un acteur blanc de se peindre le visage pour caricaturer les Afro-américains, présentés comme débiles, hilares et paresseux. Si l'histoire du grimage en noir en France est sensiblement différente de celle du blackface aux Etats-Unis, les deux pratiques se rejoignent sur scène et plus tard au cinéma. C'est en expliquant les ressorts de cet usage, qui défraie régulièrement l'actualité, c'est en faisant de la pédagogie, en suscitant une prise de conscience, qu'on réussira peut-être a le faire disparaitre.
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EAN
9782916868684
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