Les Fables de Zambri

Bierce Ambrose - Charbin Alice - Beauchamp Thierry

LE DILETTANTE

Extrait de la préface«Adieu - si tu apprends qu'on m'a collé contre un mur mexicain et qu'on m'a criblé de balles, sache que c'est plutôt une bonne manière de quitter cette vie. C'est mieux que la vieillesse, la maladie ou une chute dans l'escalier de la cave. Être un gringo au Mexique, voilà l'euthanasie!»Ces mots furent les derniers adressés par Ambrose Bierce à sa belle-soeur Lora dans une lettre datée du 1er octobre 1913. Quelques semaines plus tard, il disparaissait sans laisser de traces, à l'âge de soixante et onze ans. Ainsi s'acheva l'histoire de l'un des écrivains les plus légendaires de la littérature américaine, le maître incontesté de l'humour noir, le chaînon manquant entre Diogène le Chien et Le Dernier Train de Gun Hill,Nulle part on ne voit mieux que dans son oeuvre tout ce qui relie secrètement le cynisme à une conception idéaliste de l'existence. Né de parents calvinistes, élevé dans un climat de fanatisme religieux, l'auteur du Dictionnaire du diable combattit les églises, leurs sectateurs et leur Bon Dieu avec une dévotion acharnée, mais cela ne l'empêcha pas d'afficher une certaine sympathie pour la figure du Christ. Sa participation à la guerre civile américaine le convertit à une forme de scepticisme teinté de misanthropie qui ne fit que se renforcer au fil du temps. Pourtant, en de rares occasions, cette expérience traumatisante (il reçut une balle dans la tête au cours de la bataille de Kennesaw Mountain) lui inspira des propos émus et nostalgiques.Plus tard, son métier de journaliste acheva de le débarrasser de ses dernières illusions. Une conscience aussi vive de l'hypocrisie et de la bêtise humaines devait naturellement l'amener sur le terrain de l'humour, du grotesque et du macabre. La littérature fut d'abord pour lui un moyen de régler ses comptes avec ses congénères mais elle lui offrit aussi la liberté d'étudier les possibilités du langage et de s'engager dans une recherche plus profonde, presque spirituelle.La carrière de Bierce démarra vraiment en 1868, lorsque son mentor James Watkins lui céda sa chronique du «Crieur public» dans la News Letter de San Francisco. Sa plume assassine, son don proverbial pour l'invective et l'opprobre, ne tardèrent pas à établir sa réputation. En quelques mots cruellement ordonnés, il parvenait à exprimer ce que le plus impitoyable des procureurs aurait mis des heures à dégoiser. Il agrémentait ses diatribes de récits drolatiques rapportant toutes sortes de faits divers sanglants.Sa célébrité grandissante (certains de ses articles étaient repris dans des journaux de Londres et New York) lui permit de se mêler à la faune littéraire de la côte ouest, les Mark Twain, Bret Harte et autres Joaquin Miller avec qui il se lia d'amitié. Les portes des beaux salons s'ouvrirent devant lui et ce fut ainsi qu'il rencontra Mollie Day, la fille d'un riche prospecteur. Il l'épousa le 25 décembre 1871 et, le printemps suivant, le couple embarqua pour l'Angleterre. Officiellement, il s'agissait d'un simple voyage de noces, payé par le généreux père de la mariée, mais Ambrose Bierce avait d'autres projets, comme en témoigne le fait que ses amis anglais James Watkins et F. A. Marriott, l'éditeur de la News Letter, lui avaient bourré les poches de lettres de recommandation.

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EAN
9782842637477
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