Journal du septennat, 1947-1954. Tome 4, Année 1950, avec 1 CD-ROM

Élu président de la République le 16 janvier 1947, Vincent Auriol trouva dans l?exercice de sa fonction élyséenne l?apogée d?une longue carrière politique, commencée en 1914 sur les bancs SFIO de la Chambre, poursuivie au sein du Front populaire comme ministre des Finances, dans la Résistance, et enfin à la tête des deux Assemblées constituantes de l?après-guerre. Durant les sept années passées à la tête du pays, Auriol a consigné dans son journal l?ensemble de ses actions, y ajoutant documents officiels et surtout enregistrements au magnétophone de ses entretiens avec les principales personnalités de l?époque. Même si le président effectua une sélection dans cette masse documentaire considérable, le lecteur y trouvera une source indispensable sur la France de l?après-guerre et, au-delà, sur l?exercice quotidien de la fonction présidentielle. La publication de ce Journal du septennat, commencée en 1970 par Pierre Nora, s?arrêta au sixième volume. Le président François Mitterrand s?était en effet opposé à la parution de l?année 1950, son propre rôle lui semblant modeste et sous-estimé, comme l?éditeur s?en explique dans une savoureuse préface.

Cette parution se compose donc de l?intégralité du Journal pour les années 1947-1949 et 1951- 1954, dans une version sur CD-Rom, à laquelle s?ajoute l?édition papier de l?année 1950, année difficile s?il en fut. Vincent Auriol, personnage réputé pour sa truculence et ses libertés avec le protocole, y apparaît comme un fin man?uvrier et un authentique homme d?État, attaché aux devoirs de sa charge. S?il ne néglige pas les commémorations patriotiques, ciments de l?unité républicaine, il se voit surtout comme un véritable acteur du jeu politique. Et les défis à relever sont nombreux: difficultés de la Reconstruction, périls de l?Union française (échecs en Indochine, tensions avec les protectorats, divergences avec le maréchal Juin), tensions de la guerre froide avec le déclenchement de la guerre de Corée et les craintes relatives au réarmement allemand. Et, à l?intérieur, le défi de la réforme électorale, nécessaire pour consolider une majorité fragile, confrontée aux assauts des communistes et des gaullistes, et aux revirements des socialistes. Les entretiens de juin-juillet 1950, en pleine crise ministérielle, constituent à cet égard un exemplaire témoignage historique, sur la réalité et les limites du pouvoir de l?homme politique.