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Peinture et regard

ARIKHA AVIGDOR

HERMANN

A propos du velo de L.B. Alberti

Le souci de la vérité objective engendre, dans la première moitié du Quattrocento, l'idée de mesurer le visible. Afin d'appréhender la réalité sensible, cette "più grassa Minerva" (un terme emprunté à Cicéron et signifiant "la connaissance populaire"), Léon Battista Alberti a eu recours aux mathématiques. Son but était de réaliser une peinture humaniste, qu'il qualifiait d'"istoria". Selon lui, les mathématiques examinent la forme des choses séparées de la matière, "mais puisque nous désirons que l'objet devienne visible, nous utiliserons une sagesse plus proche des sens". Son intérêt allait à la forme unie à la matière, localisable dans l'espace, et à la lumière. Cette localisation du rapport entre peintre et modèle a d'abord conduit Alberti à inventer le dispositif de la fenêtre, c'est-à-dire quatre lignes droites tirées entre quatre angles droits. Ce tissu de toile très fine et transparente, tendue verticalement sur un châssis, n'a probablement été qu'un second appareil. Car le premier a été, de tous temps, le miroir. Cette toile, nommée velo, était mise au carreau au préalable et permettait au peintre d'observer son modèle et de le dessiner à l'aide de repères fixes. Alberti accordait une importance primordiale aux rayons, à la lumière et à leur rapport au plan. "Je pense que chaque peintre qui désire être un grand maître doit comprendre clairement les similitudes et les différences qu'il y a entre les plans" (ibid)... Alberti était attentif à ce que l'observateur et l'observé se trouvent de plain-pied, afin que l'espace actuel et l'espace représenté soient identiques, permettant ainsi au peintre d'être à l'intérieur de l'espace qu'il peignait. Paolo Veneziano, Piero et Mantegna ont rompu avec cette théorie. Le velo quadrangulaire, mis au carreau, tendu entre l'observateur et l'observé, permettait en même temps la mesure exacte, partant de la base commune - dans laquelle coïncidaient la hauteur de la base du velo, celle du panneau et celle du sujet observé. Cette distance était divisée par trois: la ligne de base du quadrangle était proportionnelle à la transversale la plus proche du champ visuel, perçue à travers le velo. La mise au carreau suivait probablement la mesure. Brunelleschi a utilisé le même procédé.


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EAN
9782705670788
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