Et la terre coule

Meschonnic Henri

ARFUYEN

"Et la terre coule / c'est du sang / tant les paroles / sont mêlées / en elle / depuis / qu'on les passe / pour la vivante / la riante / qui est là toujours en nous" D'un vers à l'autre, d'un thème à l'autre, la parole d'Henri Meschonnic est d'une étonnante fluidité. Le poème coule comme "la terre coule", comme coule le sang, symbole de vie, mais tout aussi bien de mort. Dans son recueil précédent, Tout entier visage, Meschonnic nous disait : "et chaque vie je commence / tellement je n'ai / rien appris / que mes yeux sont comme un ventre / une ville y entre comme rien / il me suffit d'un désir / et mes yeux sont des yeux monde" Poème du désir sans limite, de la vie vaste à la mesure du monde. Mais voici que le regard du poète se tourne vers autre chose, non moins vaste mais combien redoutable. Autre chose que même les "yeux monde" ne voient pas, que la vie résolument ne veut pas savoir la vie : "il est temps / d'entendre / ce qu'on ne veut pas entendre / entendre ce qui ne fait pas de bruit / le sang ne fait pas de bruit / l'oiseau mort / ne fait pas de bruit" Il y a un autre côté des choses que le désir refuse de considérer : "tout ce silence / de tous ceux qui se taisent / fait un bruit à ne plus vivre / mentir ne fait pas de bruit / mais mentir mentir sur mentir / finit par faire un bruit à ne plus / s'entendre / un bruit de fin du monde / la mort / ne fait pas de bruit" Cette terre qui "coule", c'est le temps des vivants, et c'est le lieu des morts. C'est le lieu du passage, et c'est le temps des dieux : car, nous dit Meschonnic, "les dieux sont la vie de / nos vies / c'est pourquoi ils courent / d'un lieu / à un autre lieu sans cesse / ils sont notre course / entre nous et nous / on ne s'aime jamais assez / c'est ce qu'ils nous disent / écoute"

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EAN
9782845900868
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