Dans la secte "Nouvelle Star". Un candidat raconte les coulisses de l'émission

«IL PARAIT QUE T'AS FAIT DE LA TÉLÉ?»

On ne se remet pas d'avoir été autant regardé, même quand on sait qu'on est doué. La télé n'attire pas que les bons à rien et les provinciaux contrefaits.
Peut-on réécrire ce qui est terminé? Appliquer à la réalité les choses qu'on regrette de ne pas avoir tentées et qu'on vit dans ses rêves de manière répétée?
J'ai fait «Nouvelle Star». Je ne regrette pas d'y avoir participé, je déplore seulement de ne pas m'y être révolté. J'aurais dû m'insoumettre, mais sitôt la porte des auditions poussée, j'étais déjà embrigadé.

Beauvais, Décembre 2012.
Une soirée entre amis, tout ce qu'il y a de plus ordinaire là où je vis. Elle se situe quelques semaines avant que je commence à travailler au témoignage qui suit. Cette déconvenue supplémentaire aura peut-être achevé de me convaincre de le publier.
C'est une soirée dans un café, avec tout ce que cela implique de cris, d'amis qui ont la chicane facile. Je suis dans un canapé. Quelqu'un s'approche de moi et s'assoit:
- Il paraît que t'es passé à la télé? me demande-t-il d'un air intrigué.
Je lui dis que c'est vrai. L'inconnu s'éclaire comme s'il s'agissait de quelque chose d'inouï:
- Peut-on savoir quelle émission c'était?
- «Nouvelle Star», je réponds brièvement. M6, saison 6, 2008.
Il est éméché et l'intérêt qu'il a pour moi s'en trouve décuplé.
- Attends, dit-il en me dévisageant. La saison 6, c'est celle qu'Amandine Bourgeois a gagnée?
- C'est ça.
- Il paraît que les votes sont truqués, qu'on ne choisit pas ce qu'on va chanter.
Nous sommes fin 2012, j'ai fait mille choses en dehors de ça. Je suis compositeur, je chante régulièrement devant un public conséquent... Mais voilà mon lot, me dis-je en soupirant.
J'ai pris l'habitude d'éviter les confrontations stériles mais malheureusement pour moi, ce n'est pas comme ça que lui l'entend.
- Attends mon gars, t'as dû t'en faire des thunes, avec ça! Sa main s'agrippe à mon bras.
- Pas vraiment. Maintenant, il est tard. Ma famille m'attend.
En face de nous, un pot rempli de cacahuètes dans lequel il trempe ses doigts. Il se tait en les remuant, puis s'allume encore un moment:
- C'est ça. Tu es Kristov avec un «K».