Devil's lost soul/1/

Kaori Yuki

PIKA







Revue de presse



Le nouveau Kaori Yuki. Genre, le nouveau KAORI YUKI ! Voilà un évènement à ne pas manquer. Un manga à ne pas lire à la va-vite. Cette auteur est considérée comme l’un des piliers du shojo, la maîtresse du shojo gothique. Avec Angel Sanctuary, elle a marqué les esprits et les générations grâce aux nouvelles éditions qui traversent les années. On ne l’oublie pas, jamais, et elle revient enfin, depuis le théâtre des Guignols, avec une nouvelle histoire. On se poste ici au Japon, une fois n’est pas coutume. Pour une fois que l’on quitte la vieille Angleterre, nous voilà plongés dans le faste empire japonais. Il y a bien des années de notre époque, Sorath survit tel un orphelin, difficilement suite au tremblement de terre qui lui a à jamais enlevé ses parents. Il est recueilli dans la résidence Kamichika, la bâtisse « fleur de sang ». Ce n’est que grâce à Gara, le fils du terrible baron, que Sorath est sauvé et secouru. En effet, il se lie d’amitié avec le petit garçon qui l’a sauvé des décombres, et cette affection est réciproque. Le fils héritier des Kamichika prend donc Sorath sous son aile, et ils vont former un trio d’exception avec Kiyora, la fiancée de Garan. Les trois jeunes gens vont, dans leur enfance, se jurer une amitié éternelle. Deux sur les trois ont été recueillis par le baron, et ils unissent leurs cœurs pour ne jamais se trahir et toujours se soutenir. Pourtant, dans cette demeure qui porte bien son nom, de drôle de choses se passent et les trois amis seront forcés de briser cette apparente amitié, suite à des évènements incontrôlables qui vont réveiller passions et trahisons, sur un air de fatalité. La nuit de Walpurgis est proche, et l’amour profond et ancré dans la souffrance que se porte nos trois héros risque de sombrer à tout instant.

Au début de la lecture, la grande admiratrice de Kaori Yuki que je suis s’est dit « je ne comprends rien ». En à peine exagéré, c’est la réflexion que l’on se fait souvent devant une de ses œuvres. La mangaka a en effet le talent pour poser un univers en quelques pages, un univers tordu, tâché de sang, de légendes et de mensonges. C’est le cas ici, puisqu’immédiatement on plonge dans l’horreur et le sombre. Pourtant, ce n’est pas une incompréhension admirative. Tout au long du tome ou presque, on arrive pas à s’attacher aux personnages, à leur destinée, à leurs épreuves. Sorath nous est à peine sympathique, Garan est évidemment la première victime, et Kiyora est facilement compréhensible. La surprise n’est donc pas au rendez-vous, et j’ai eu l’impression de lire le premier tome de Royal Doll Orchestra, qui m’avait fait le même effet. Par la suite, c’est une série que j’ai fini par apprécier donc j’attends avec impatience la suite de celle-ci pour me prononcer. Pourtant, clairement, on est loin des surprises de God Child, de l’horreur des contes détournés et des personnages torturés. L’auteur semble avoir deux styles, l’un étant une pâle copie de l’autre. Ici c’est malheureusement le mauvais qui s’invite à la fête, nous décevant un peu de la lecture. Alors attention, toute réserve gardée, cela reste un très bon premier tome dans l’absolu même si les détails ne nous enchantent et ne nous questionnent pas autant que prévu. Mais pour un Kaori Yuki, je me trouve un peu déçue et réservée, préférant attendre la suite pour me prononcer.

Malgré tout, les relations alambiquées, les trahisons et les êtres vils prêts à tout pour réussir sont bien présents. C’est donc un cocktail qui fonctionne, mais dosé de manière moins habile qu’à l’ordinaire. D’un point de vue graphique, rien de bien nouveau sous le soleil. On ne vante plus le tant de dessinatrice de Kaori Yuki, de même qu’on n’a même plus à s’attarder sur l’aspect très brouillon -volontairement- de ses dessins. Un découpage éclaté et dynamique, des paysages de fonds présents, des expressions très réelles … Rien à faire, les graphismes sont parfaitement alliés au scénario, dans un mélange tout particulièrement plaisant. Le sens du détail, le souci de la diversité et du renouvellement habite l’auteur, qui décore ses personnages d’un éventail de qualités graphiques, de petits rien qui font beaucoup et d’émotion, voilà ce qui caractérise le titre. On identifie ainsi sans problèmes les protagonistes, qui affichent un panel d’émotions très claires même dans leurs moments de folie, passagère ou persistante. On regrette toutefois de temps à autre l’inégalité de remplissage des arrières plans, ainsi que les cases sombres, mises en second plan et ne ressortant pas alors dans le visuel de l’ensemble de la lecture. Enfin, on notera la grande fluidité de mouvements dont font preuve les personnages, qui ne souffrent que de très peu soucis de proportion, une fois de temps à autre. En somme, un bon tome dans l’absolu mais décevant pour cette auteur.

(Critique de www.manga-news.com)



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EAN
9782811613624
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