Littérature de langue au Burundi

Ngorwanubusa Juvenal - Quaghebeur Marc

MEO







Extrait

Extrait de l'introduction Sans devoir convoquer toute l'histoire de la littérature africaine depuis son éclosion à la faveur de ce que l'on a appelé par la suite la «littérature patronnée», il n'est pas inutile de rappeler que le concept même de littérature africaine se trouve au coeur d'un débat ouvert par V.Y. Mudimbe dès 1978 : Il est communément admis de faire ressortir à la littérature africaine tout texte dont l'auteur est africain. C'est donc le caractère racial qui détermine l'appartenance ou la non appartenance au domaine de la littérature africaine. Ainsi donc, à titre d'exemple et pour prendre des cas extrêmes, l'oeuvre d'un missionnaire européen qui aurait passé toute sa vie en Afrique, fût-elle en langue africaine, ne serait pas de la littérature africaine, alors qu'en relèverait celle d'un Africain ayant passé toute sa vie entière en Europe. Ce critère racial est déjà en lui-même un problème. Point n'est besoin non plus de revenir sur les trois livraisons successives de la revue Notre Librairie consacrées aux littératures nationales pour montrer, avec quel degré de pugnacité, les critiques africanistes ont croisé le fer à propos, cette fois-ci, de la nationalité des littératures africaines. Certains, contestant la viabilité du concept de «littératures nationales» persistent à les englober, dans une perspective de totalisation, en une littérature africaine supposément une et indivisible, le critère de couleur prenant le dessus sur celui de territoire, tandis que d'autres étaient enclins à faire éclater le phénomène au profit de celui des «littératures nationales», confinées à l'intérieur des pays aux frontières héritées de la colonisation qui souvent en Afrique ne renvoient pas à la notion même de nation. Tel n'est pas vrai dans le cas du Burundi. C'est dire que le fond du problème se pose moins en termes d'existence de cette littérature, qu'en termes de son appartenance à un ensemble plus ou moins cohérent. A moins de commettre la même erreur que Lord Durham affirmant en 1839 que les francophones du Canada étaient «un peuple sans histoire et sans littérature», nul ne saurait par conséquent soutenir qu'il puisse y avoir une entité territoriale africaine qui ne dispose pas d'une littérature, qu'elle soit orale ou écrite, la littérature étant contemporaine de l'homme. Il s'agit donc d'une donnée d'évidence que l'on n'est plus tenu de justifier à tout prix. De ce fait, le débat engagé dans les années 1990 sur l'existence ou non d'une littérature burundaise ou d'une littérature burundaise de langue française ne nous paraît plus d'actualité et mériterait d'être définitivement clos, pour se déplacer sur le domaine des définitions de cette littérature afin de jauger son étendue historique et sur le terrain de la richesse et de la vitalité de la production, dont une certaine consistance serait à même de lui conférer son autonomie et sa légitimité.



22,00 €
Disponible sur commande
EAN
9782871680703
Image non contractuelle