Le chant de l'océan

Dupuy Marie-Bernadette

PRESSES CITE

La chanson de l'océan

Bourcefranc, pointe du Chapus, septembre 1928

- Violaine! Plus vite! Cours! s'égosilla François qui tenait la fillette par la main.
Les deux gamins, âgés de six ans, avaient déjà de l'eau jusqu'à la taille. Les vagues les cernaient, celles de la marée montante, la plus forte du mois.
- La mer est méchante, aujourd'hui! gémit la petite, secouée de gros sanglots d'angoisse.
François tentait de rejoindre le passage empierré reliant le fort Louvois à la pointe du Chapus, leur village. Il leur restait plusieurs mètres à parcourir. L'Océan déchaîné, furieux et grondeur, les distançait. Les enfants luttaient contre la force du courant, ralentissant au fur et à mesure que l'eau montait. Soudain déferla une lame puissante, plus haute et plus profonde que les précédentes. Dans un remous éclaboussant, elle renversa le garçon. Malgré ses efforts désespérés, il lâcha la main de la fillette. Celle-ci fut aussitôt submergée par une masse d'eau mêlée d'algues brunes.
- Violaine! hurla François.
Il avait réussi à se remettre debout, et, suffoquant, ses cheveux noirs ruisselant, il regardait autour de lui, cherchant la moindre trace de Violaine à la surface de l'eau. Un instant, il crut voir s'agiter sa robe jaune, la tache de ses longs cheveux blond roux... Puis, plus rien. L'Océan victorieux avait emporté la fillette au sein de ses ténèbres vertes.
La mer, si familière pour les enfants du Chapus, était devenue un monde effrayant dans lequel Violaine se débattait, ballottée sur un lit de sable et de galets. Elle se sentait emportée vers le large. Ses grands yeux bleus fermés, le souffle coupé, l'enfant gardait la bouche close, sachant, comme bien des gosses du bord de mer, qu'il ne fallait pas avaler d'eau.
Mais l'affolement, la peur panique de mourir vinrent à bout de son courage. Elle n'avait qu'un cri au bord des lèvres: «Maman!

12,50 €
En rupture de stock
EAN
9782258094871
Image non contractuelle