Rencontres avec John et Yoko
Cott Jonathan - Marny Michel
BOURGOIS
Extrait de l'introduction
«Quelqu'un veut-il écouter l'histoire de la fille qui est venue pour rester?» demandait John Lennon dans «Girl», de l'album des Beatles Rubber Soul, en 1965. Trois années plus tard, l'après-midi du 17 septembre 1968, je sonnais à la porte de l'appartement en sous-sol du 34, Montagu Street à Londres. Quelques secondes après, un homme plein d'entrain, âgé de vingt-sept ans, les cheveux aux épaules, portant un pull noir, un jean, des tennis blanches et de petites lunettes rondes cerclées d'acier, ouvrit la porte. «Entre, entre!» dit-il, me menant au salon où il me présenta à la fille extraordinaire qui était venue pour rester, m'invita à s'asseoir sur un canapé et me demanda si je voulais écouter son histoire.
Rencontres avec John et Yoko est mon histoire personnelle du temps que j'ai passé avec John Lennon et Yoko Ono sur une période de quarante-cinq ans. C'est une histoire qui a commencé par un froid matin de décembre 1963 à New York durant le premier semestre de ma première année à l'université Columbia. Mon radio-réveil avait sonné à 7 h 30. À la recherche de quelques minutes supplémentaires de sommeil - même si cela signifiait que j'arriverais en retard au cours très redouté sur la théorie des ensembles -, je décidai d'éteindre la radio mais juste alors que j'allais trouver le bouton, j'entendis soudain une voix crier: «One Two Three FAW!» Puis: «She was just seventeen / If you know what I mean!» Exactement comme dans la chanson, mon coeur a fait BOUM et j'ai su immédiatement qu'à partir de cet instant je me réveillerais tous les matins de ma vie aux accents de «I Saw Her Standing There».
«Moi je ne peux pas vous réveiller, a dit un jour John Lennon. Vous seuls pouvez vous réveiller.» Heureusement, les Beatles allaient me rappeler de le faire: «Me suis réveillé, suis tombé du lit / Me suis passé un peigne dans les cheveux.» Mais parfois, c'était comme si les Beatles étaient eux-mêmes un rêve duquel on n'aurait jamais voulu se réveiller. En fait, beaucoup en vinrent à considérer les quatre Beatles comme des figures et des présences symboliques oniriques, comme les quatre Évangélistes, les quatre saisons, les quatre phases de la lune, les quatre coins du monde. Et, dans un sens, chacun des Beatles, en se définissant par son visage, sa gestuelle, sa voix et ses chansons, endossa un rôle d'archétype: Paul, doux et sensible; John, remuant et rebelle; George, mystérieux et mystique; Ringo, enfantin mais plein de bon sens.
«Aucun de nous n'aurait réussi tout seul, m'expliqua John un jour, parce que Paul n'était pas assez fort, moi je ne plaisais pas assez aux filles, George était trop calme, et Ringo était le batteur. Mais nous avons pensé que tout le monde pourrait aimer au moins l'un de nous, et c'est ce qui est arrivé.» Pour moi, John Lennon a toujours été le numéro un. Et ce à partir du moment où j'ai appris qu'à un concert donné en 1963 en présence de la reine mère et de la princesse Margaret, avant de jouer «Twist and Shout», il était venu au micro annoncer: «Pour notre dernière chanson, j'aimerais vous demander votre aide. Ceux qui sont aux places bon marché, tapez dans vos mains. Les autres peuvent faire cliqueter leurs bijoux.»
Un siècle et demi plus tôt, en 1812, un autre de mes héros, Ludwig van Beethoven, marchait dans la rue d'une station thermale bavaroise avec le célèbre écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe, quand ils croisèrent le chemin de l'impératrice Marie-Louise et de sa suite. Goethe s'effaça, se découvrit et s'inclina très bas. Beethoven, qui ne se poussait pour personne, poursuivit tranquillement son chemin à travers la petite troupe et réprimanda l'écrivain obséquieux, lui rappelant que des aristocrates, il y en avait à la pelle, mais qu'«il n'y en a que deux comme nous!» De même, les Beatles, dans une veine similaire, ont un jour déclaré: «Sa majesté est très gentille / Mais elle n'a pas grand-chose à dire.» (Ironiquement, comme je devais le découvrir plus tard, Yoko Ono descend d'un empereur japonais qui a régné au dix-neuvième siècle, ainsi qu'on le découvrira par la suite avec l'histoire de sa famille qui est probablement ignorée de la plupart.)
«Quelqu'un veut-il écouter l'histoire de la fille qui est venue pour rester?» demandait John Lennon dans «Girl», de l'album des Beatles Rubber Soul, en 1965. Trois années plus tard, l'après-midi du 17 septembre 1968, je sonnais à la porte de l'appartement en sous-sol du 34, Montagu Street à Londres. Quelques secondes après, un homme plein d'entrain, âgé de vingt-sept ans, les cheveux aux épaules, portant un pull noir, un jean, des tennis blanches et de petites lunettes rondes cerclées d'acier, ouvrit la porte. «Entre, entre!» dit-il, me menant au salon où il me présenta à la fille extraordinaire qui était venue pour rester, m'invita à s'asseoir sur un canapé et me demanda si je voulais écouter son histoire.
Rencontres avec John et Yoko est mon histoire personnelle du temps que j'ai passé avec John Lennon et Yoko Ono sur une période de quarante-cinq ans. C'est une histoire qui a commencé par un froid matin de décembre 1963 à New York durant le premier semestre de ma première année à l'université Columbia. Mon radio-réveil avait sonné à 7 h 30. À la recherche de quelques minutes supplémentaires de sommeil - même si cela signifiait que j'arriverais en retard au cours très redouté sur la théorie des ensembles -, je décidai d'éteindre la radio mais juste alors que j'allais trouver le bouton, j'entendis soudain une voix crier: «One Two Three FAW!» Puis: «She was just seventeen / If you know what I mean!» Exactement comme dans la chanson, mon coeur a fait BOUM et j'ai su immédiatement qu'à partir de cet instant je me réveillerais tous les matins de ma vie aux accents de «I Saw Her Standing There».
«Moi je ne peux pas vous réveiller, a dit un jour John Lennon. Vous seuls pouvez vous réveiller.» Heureusement, les Beatles allaient me rappeler de le faire: «Me suis réveillé, suis tombé du lit / Me suis passé un peigne dans les cheveux.» Mais parfois, c'était comme si les Beatles étaient eux-mêmes un rêve duquel on n'aurait jamais voulu se réveiller. En fait, beaucoup en vinrent à considérer les quatre Beatles comme des figures et des présences symboliques oniriques, comme les quatre Évangélistes, les quatre saisons, les quatre phases de la lune, les quatre coins du monde. Et, dans un sens, chacun des Beatles, en se définissant par son visage, sa gestuelle, sa voix et ses chansons, endossa un rôle d'archétype: Paul, doux et sensible; John, remuant et rebelle; George, mystérieux et mystique; Ringo, enfantin mais plein de bon sens.
«Aucun de nous n'aurait réussi tout seul, m'expliqua John un jour, parce que Paul n'était pas assez fort, moi je ne plaisais pas assez aux filles, George était trop calme, et Ringo était le batteur. Mais nous avons pensé que tout le monde pourrait aimer au moins l'un de nous, et c'est ce qui est arrivé.» Pour moi, John Lennon a toujours été le numéro un. Et ce à partir du moment où j'ai appris qu'à un concert donné en 1963 en présence de la reine mère et de la princesse Margaret, avant de jouer «Twist and Shout», il était venu au micro annoncer: «Pour notre dernière chanson, j'aimerais vous demander votre aide. Ceux qui sont aux places bon marché, tapez dans vos mains. Les autres peuvent faire cliqueter leurs bijoux.»
Un siècle et demi plus tôt, en 1812, un autre de mes héros, Ludwig van Beethoven, marchait dans la rue d'une station thermale bavaroise avec le célèbre écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe, quand ils croisèrent le chemin de l'impératrice Marie-Louise et de sa suite. Goethe s'effaça, se découvrit et s'inclina très bas. Beethoven, qui ne se poussait pour personne, poursuivit tranquillement son chemin à travers la petite troupe et réprimanda l'écrivain obséquieux, lui rappelant que des aristocrates, il y en avait à la pelle, mais qu'«il n'y en a que deux comme nous!» De même, les Beatles, dans une veine similaire, ont un jour déclaré: «Sa majesté est très gentille / Mais elle n'a pas grand-chose à dire.» (Ironiquement, comme je devais le découvrir plus tard, Yoko Ono descend d'un empereur japonais qui a régné au dix-neuvième siècle, ainsi qu'on le découvrira par la suite avec l'histoire de sa famille qui est probablement ignorée de la plupart.)
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EAN
9782267025033
Caractéristiques
EAN | 9782267025033 |
---|---|
Titre | Rencontres avec John et Yoko |
Auteur | Cott Jonathan - Marny Michel |
Editeur | BOURGOIS |
Largeur | 122mm |
Poids | 250gr |
Date de parution | 10/05/2013 |
Nombre de pages | 240 |
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