Le cramé

Bosco Jacques-Olivier

POCKET







Extrait



Viviani voulut sortir le premier.
Le crépitement des balles... puis son corps était venu s'éclater contre la baie vitrée de la banque, l'éclaboussant de sang, comme sur un écran de télé géant. Les otages femelles se mirent à hurler, des cris stridents sur des masques de théâtre antiques. Gosta jeta un oeil sur Tino et Stéph, ils avaient chacun un gros sac en bandoulière, bourré à craquer de billets, une cagoule noire sur la gueule et un fusil-mitrailleur en main. Tino lui répondit par un signe de tête interrogatif, le chef acquiesça. Il se tourna vers le public.
- Tout le monde au fond de la salle contre le mur ! Grouillez ! Y'a les flics dehors et ils tirent pas avec des lance-pierres !
La douzaine de malheureux employés et clients qui avaient choisi le mauvais samedi pour venir au Crédit Marseillais de Saint-Denis, obéirent sans se faire prier, se pressant les uns les autres en gémissant. Les hommes se collant plus aux femmes que l'inverse. Gosta revint vers l'entrée et ouvrit sa besace. Le sas de la succursale avait été explosé par les balles de Kalachnikov des gangsters et l'air froid en profitait pour venir s'accrocher sur leur cagoule trempée par la sueur. Collé au mur de béton, le chef inspira un grand coup, sortit deux grenades fumigènes de son sac qu'il dégoupilla, et les fit rouler sur le trottoir vers l'extérieur.

Le Cramé - c'était le surnom de Gosta, le chef de ce commando de braqueurs - avait eu le temps de voir que seules deux voitures de la BRB étaient en position au milieu du rond-point. Les autres véhicules bleu-blanc-rouge étaient encore occupés à bloquer les accès des différentes avenues coulant leurs pavés jusqu'à la grande place où se trouvait la banque. Il fallait qu'ils en profitent maintenant. Il y eut un double sifflement et une fumée grise comme l'orage se mit à envahir le sol en tourbillonnant. Dans un bruit de tonnerre et de rage, les rafales d'armes automatiques de la fonction publique recommencèrent à creuser des trous dans les murs, une des baies vitrées explosa et une femme hurla à s'en arracher la glotte. Les flics de l'autre côté cessèrent leurs tirs.

Stéph et Tino s'étaient rapprochés du Cramé. Ils avaient tous trois leur flingue levé, les doigts crispés sur la crosse, la nuque et les cheveux trempés sous leur putain de cagoule.
- Qu'est-ce qu'il lui a pris, à Viviani ? demanda Tino.
- II a paniqué quand il a vu ce con de Moretti se barrer avec la caisse. Il a voulu sauver sa peau. Seul, lui précisa Gosta.
- Pas question de crever seul, répliqua Stéph. Je veux que toi et Tino vous m'accompagniez en enfer pour vider des bouteilles et botter le cul de Satan !
Les deux hommes étaient trop tendus pour sourire, mais ils étaient réconfortés par son état d'esprit. Aucun ne lâcherait l'autre avant que tout ne soit fini. Viviani était nouveau dans la bande et ce casse était une sorte de test d'entrée. Son échec était on ne peut plus évident : il gisait mort sur le ruban du trottoir, la poitrine en marmelade.
Une voix crachée par un parlophone se mit à hurler dans leur direction.
--Ce texte fait référence à l'édition






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9782266231060
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